Thierry C.

http://lesangnoir.wordpress.com/

«Acheter des livres serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire.» Schopenhauer
Et à quoi sert la littérature?
Peut-être à essayer de vivre selon les nuances car la littérature est «maîtresse des nuances» disait Barthes.
La littérature «s'embarrasse» de nuances. Ne se sépare de personne.
Elle s’intéresse aux différences, aux subtiles différences, aux sensibles singularités.
Elle veut comprendre. Raconter. Regarder. Éclairer l’existence.
Teinter la vie. Sucrer, saler la vie.
La littérature aide à respirer. Reprendre souffle. A souffler, un peu. Sûrement!

roman

Éditions Gallmeister

24,30
Conseillé par
4 novembre 2012

La promesse de l’Amérique.

«Twenty-Mile est moribonde.
Et ses habitants sont la lie de l’humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu !»

Twenty-Mile est une bourgade fantôme du Wyoming.
Un cimetière trop grand aux épitaphes plus que douteuses : «Maintenant, au tour de ma femme !» ou «Je ne suis pas mort, je dors."
Un cimetière hanté d’arracheurs de dents, de chercheurs d’or et de putes aux robes rouges...et même une Mule !
Ici, le dernier shérif est parti depuis bien longtemps...
Un saloon, un hôtel (de passe), un barbier, un Grand Magasin.
C’est à peu près tout.


Une mine, le Filon Surprise, appartenant aux marchands de Boston, déverse, chaque samedi, d’un train bondé, sa horde assoiffée dans les rues de Twenty-Mile.
Respirer un peu avant de replonger sous terre.
Nous sommes en 1898.

La conquête de l’Ouest s’achève dans ses dernières désillusions.
«C’était comme ça. Quand vous arriviez, vous vous faisiez exploiter par ceux qui étaient arrivés avant vous. Puis, si vous étiez malin et travailleur, et chanceux, faut pas oublier chanceux, vous pouviez devenir des exploiteurs à votre tour.
C’était la Grande Promesse de l’Amérique !»

C’est l’Amérique des villes en bois où le seul bâtiment construit en pierre est la prison. L’Amérique où les révérends posent leur revolver sur leur table de chevet...près de la Bible.
L’Amérique avec foi, sans loi.

Quand arrive en ville, Matthew, dit Le Ringo Kid, dit Chumms, dit Dubchek.
Pour tout bagage : un vieux fusil qui date de Mathusalem, un lourd secret et un fichu bagout.
Un sacré numéro, un camélon, un fieffé menteur. Un jeune freluquet qui s’abreuve de légendes de l’Ouest, déjà.
Il a lu tous les livres des aventures du Ringo Kid écrites par Anthony Bradford Chumms. Le Ringo Kid s’en sort toujours.

Il va réussir à se faire adopter par la communauté, peu accueillante de Twenty-Mile.
«Il avait réussi à s’insinuer dans la communauté, maintenant il lui fallait se rendre indispensable.»

«Qu’est-ce qui est le plus important à avoir dans la vie ? La beauté ? L’intelligence ? La richesse ?
- Le respect, dit Matthew sans hésiter."

Matthew va t-il s’amouracher de Ruth Lillian à la chevelure rouge cuivre qui capte des myriades de granules de lune ou sombrer, corps et âme, dans le corps trop plein de promesses, trop plein de péchés de Kersti.
Jusque là, tout va, à peu près, bien...

Quand arrive ce Lieder.
Ce Lieder est un fou. Qui cite des Evangiles, bien à lui, à tout bout de champ. Il veut se battre contre la plaie des immigrants venus infester son pays béni. Il veut monter une milice pour une Amérique libre, éradiquer les barons de Wall Street.
La croisade d’un illuminé.
Un sadique qui va semer la terreur dans Twenty-Mile.
Il veut piller le train de la mine d’argent.
Il veut montrer la Lumière et la Voie aux mineurs.
Lieder vient de s’évader de prison en compagnie de Minus et Mon-P’tit-Bobby, deux tueurs très, très attardés.

Twenty-Mile va connaître l’enfer.
Et dans cet enfer les femmes vont souvent montrer plus de courage que les hommes.
«La plupart des hommes sont prêts à subir des tonnes d’humiliation juste pour continuer à vivre.»

Et Trevanian va nous entraîner, nous ligoter carrément (à la chaise de lecture), le fil à la patte, au fil des pages, dans cette histoire mythique de l’Amérique.
Les trois tristes filles de joie au coeur tendre, Frenchy la Noire à la cicatrice qui lui strie le visage du coin de l’oeil au coin de la bouche, Chinky, la petite chinoise, et la vieille Queeny sont inoubliables.
Si le lecteur, ne l’oublions pas, toujours attaché à sa chaise, pouvait secouer les puces de Matthew ou se débarasser de ce Lieder, il le ferait volontiers !

Un western terrible qui va crescendo pour nous laisser, pantois, au bord du gouffre.
Tout y passe : la cruauté, la lâcheté, le courage, le racisme et les illusions perdues.
Le style de Trevanian est impeccable, efficace, cruel et tendre, légérement épicé d’humour, pas trop tout de même, faut pas exagérer, cela reste du Trevanian.
La traduction est irréprochable.

Un moment de lecture mémorable !

«Méfie-toi de l’homme qui ne connaît qu’un livre !»

Trevanian est l'un des auteurs les plus mystérieux de ces dernières années. De lui, on sait peu de choses. Américain, il a vécu dans les Pyrénées basques et il est probablement mort en 2005. Ses romans se sont vendus à des millions d'exemplaires dans le monde et ont été traduits en plus de quatorze langues.

Conseillé par
30 octobre 2012

«J’étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J’ai frappé le premier. J’ai le sens de la réalité, moi, poète. J’ai agi. J’ai tué. Comme celui qui veut vivre.» Blaise Cendrars.

La grande guerre. 14-18. Quatre ans de boucherie.
Des laboureurs, des ouvriers, des instituteurs, envoyés en première ligne.
Comme toujours !
Pendant ce temps les officiers et les politiques se tiennent chaud.
Entre eux.
«L’officier déjeune et dîne, le sous-officier prend son repas, le soldat mange la soupe.» écrit le critique littéraire de la NRF, Albert Thibaudet.
Pendant ce temps le clergé, complice muet, bénit le charnier.
Dieu comptera les cadavres.


La France a eu 1 300 000 morts, tous ou presque des hommes entre 18 et 40 ans, en pleine force de l'âge. Le nombre total de victimes de cette guerre fut de 8,5 millions.
Il en aura sûrement oubliés.

Le dernier poilu, Lazare Ponticelli est mort le 12 mars 2008.

Mais l’Histoire n’est pas terminée.
Devoir de mémoire.

«Cette boue est atroce aux chemins détrempés
Les yeux des fantassins ont des lueurs navrantes
Nous n’irons plus au bois les lauriers sont coupés
Les amants vont mourir et mentent les amantes.»
Guillaume Apollinaire

Ecouter et lire les échos des boyaux, les cris, la mort mise en mots.

Dans les tranchées, les hommes écrivent. Pour oublier, rire, pleurer...ne pas oublier.

Dix milliards de lettres ont été échangées pendant les quatres années de guerre.
Des journaux de tranchées, éphémères, paraissent par milliers.
Leurs titres parlent d’eux-même : «Rire aux éclats», «Tuyau de la roulante», «L’écho des tranchées», «La revue du front»...

Les soldats ont un besoin, vital, de mettre des mots sur leurs cauchemars.

Pouvoir de la littérature ?
Ou impuissance de la littérature ?

Dans cet essai érudit mais très lisible, France Marie Frémeaux, docteur en littérature et spécialiste de la guerre de 14-18 (elle a participé au Dictionnaire de la Grande Guerre paru dans la collection Bouquins) nous replonge dans cette période meurtrière et pourtant si riche en courants artistiques.
«Son propos est d’abord de présenter les combattants de la Première guerre mondiale, ceux qui étaient écrivains avant de devenir guerriers à leur corps défendant, à leur esprit récalcitrant.» nous prévient l’auteure.

Dadaisme, surréalisme, expressionnisme...une autre guerre, la guerre des «ismes» commence !

Cet essai, retour sur la guerre, ressucite des écrivains-soldats ou soldats-écrivains tels que Guillaume Apollinaire, Jean Giraudoux, Blaise Cendrars, Ernest Hemingway, John Dos Passos, Louis Ferdinand Céline...entre autres.
Petites biographies au temps maudit des tranchées.
Comme une piqûre de rappel.
Ils vont écrire des poèmes ou des romans magnifiques.
Des chefs-d’oeuvre pour certains.
Comme Blaise Cendrars et sa «Main coupée» ou Louis Guilloux et son «Sang noir».
Ces deux livres ne me quittent jamais.

«Le métier d’homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrice, comme la poésie.» Blaise Cendrars.

Tchinguiz ABDOULLAIEV

Editions de l'Aube

21,90
Conseillé par
29 octobre 2012

«Moi, Edgar Veidemanis, ex-lieutenant-colonel du KGB, ex-membre du Parti Communiste et ex-citoyen soviétique...»

Rachit Akhmétov était (j’ai bien dit «était» !) vice-ministre de l’Energie.
Voitures luxueuses, maison de campagne «valant cent années de son salaire» et appartement de cinq pièces à Moscou.

Hum, hum, y’a de la magouille dans l’air glacé de la grande Russie.


Des enquêteurs du Parquet débarquent dans son bureau.
Perquisition. Procés verbal. Arrestation.

«J’ai une déclaration à faire.» dit Akhmétov et ça sent déjà la poudre.

De hauts, très hauts responsables politiques russes risquent d’être pris la main dans un sac rempli de dollars nauséabonds...un panier de crabes, quoi !

Des cadavres commencent à se ramasser à la pelle.
Victimes du Buffle ou du Massacreur.

Drongo le solitaire, quarante ans, aux amours difficiles et à l’appétit facile est appelé d’urgence pour retrouver un témoin capital dans cette affaire.
Et vite fait en plus. Pas de temps à perdre.
Et notre héros Drongo n’est pas seul au monde dans cette histoire.
Y’a du monde au portillon pour attendre de pieds fermes ce témoin précieux qui vaut de l’or...ou des têtes.
Accueil agité garanti : le faire parler ou le faire taire, c’est selon.

«A partir de maintenant, je deviens cette cible parfaite, et mon seul objectif est de demeurer tel pendant tout le voyage. Pendant quelques jours ou quelques semaines, tant que je ne découvrirai pas l’homme. L’homme ?...Quel homme ?»

Troufilov. Cest lui. Il est parvenu à quitter la Russie. Il doit se cacher quelque part en Europe. Il est la clé de toute l’affaire.

Et c’est parti pour un voyage mouvementé, très, très mouvementé de Moscou à Paris en passant par Amsterdam, Anvers et Istanboul.
Une course poursuite dans des grosses cylindrées aux vitres teintées.
Une course contre la montre dans des avions bourrés d’espions.
Avec pour décor les guerres intestines entre les différents services de renseignements russes et ses nombreuses, très nombreuses nébuleuses...genre mafieuses...

L’ombre du KGB pèse, encore et toujours, comme un couvercle.
Même si le KGB est dissous le 11 octobre 1991, il reste bien vivant dans chaque mémoire de chaque citoyen russe et ces trois lettres restent gravées (à jamais ?) dans la mémoire collective du pays.

C’est un polar qui visite la Russie et ses abus de pouvoir.
Un regard passionnant sur ce grand pays à la petite, très petite démocratie, n’est-ce pas Monsieur Poutine ?
Polar, thriller, roman d’espionnage, que sais-je, un peu de tout ça où le lecteur se plaira à suivre les pas de ce bon et malin Drongo.

«Les meilleurs agents secrets sont ceux dont on n’entend jamais parler.»

L’auteur, Tchinguiz Abdoullaïev sait de quoi il parle : il était lui-même ancien agent de renseignement.
C’est son premier livre traduit en français, chez les (très belles)Editions de l’Aube, collection L’Aube noire.
Rendons hommage à la traduction car elle est excellente.
C’est la première enquête de Drongo publiée en France.

A suivre, donc, de près, le justicier Drongo is back in the (ex) U.S.S.R...

«Ca commence, soupira Drongo en repoussant son assiette. Je le sentais venir. Ca commence...»

Conseillé par
29 octobre 2012

«Il était Lucas Murneau...mais il était aussi le Maudit.»

Friedrich Wilhelm Murnau, cinéaste allemand, a réalisé, entres autres, «Le Crime du docteur Warren», «Satanas», «Nosferatu le Vampire», «Les Quatre Diables».
«M le Maudit» est un film de Fritz Lang.
Murnau et Lang sont deux cinéastes rangés dans le profond tiroir de l’expressionnisme.
Les représentations expressionnistes fondées sur des visions angoissantes ont pour objectif d’atteindre la plus grande intensité expressive, reflet de la vision pessimiste que les expressionnistes ont de leur époque.
C’était juste pour votre culture personnelle.
Voilà, ça c’est fait et ça fait du bien de vous cultiver, non ?

Les histoires d’a..., les histoires d’a..., les histoires d’amour finissent mal...en général.

Noir, vous avez bien dit, noir ?
Non, ce polar, est très, très (trop?) noir !

Lu d’une traite, sous tension, tétanisé. Sans pause et ça va vite, très, très vite.
Pas le temps de souffler. Suffocant.

De la jungle de Colombie aux forêts sombres de Croatie, de Bogota à Paris en passant par les suites luxueuses de Cannes, ça flingue à tout- va.

Le casting est impressionnant.
Ames sensibles passez votre chemin et courez vite, vite, lire le dernier Marc Lévy, courez vite, vite, vous réfugier chez Philippe Delerm.

Dans la famille requin, je demande.
Federico Lopez, l’obscur avocat des cartels de Colombie et Isabelle sa fidèle collaboratrice aux yeux de félin.
Faut s’en méfier !
Le clan sanguinaire des Croates. Les frères Mordeck, Vlad et Tcheck.
Spécialisés dans le trafic de femmes.
A fuir comme la peste !
Le gang de Montcalle, favela de Bogota.
Des gamins armés jusqu’aux dents.
A éviter coûte que coûte !
Yves Ponzonni, dit Pompon. Le Corse.
Spécialisé dans le trafic d’armes. Entre autres trafics.
Pas très fréquentable !
Juan Nesta, le péruvien, dit le Crevard.
Spécialisé dans la culture des champs de coca et...des labos qui vont avec.
S’en dispenser !

Et Lucas, le maudit. Le français en cavale. Le tueur des missions impossibles.
Il travaille pour Lopez. Il est son tireur d’élite, son exécutant.
Lucas, une femme, Angelina, et une enfant jamais vue, derrière lui...bien loin...et une bavure dans le dos...
Lucas qui prévoit toujours une issue de secours quand il change de logement. Une vie dangereuse, la mort aux trousses.
Une bête fauve.
Il a ses principes : ne tue jamais femme ou enfant.
Il a ses lectures : Nietzsche et Jack London.
Deux bons points.

«La mort ne faisait pas souffrir.
C’était la vie, cette atroce sensation d’étouffement.» Jack London

Et Amanda Bellanda. Ses longues jambes et ses grands yeux verts, «du jade lavé à l’eau claire». Amanda est une pute de luxe.
Une bête de scène.
Amanda arrivée là où il ne fallait surtout pas arriver, par hasard.
Faut pas écouter aux portes...
Elle est belle.
Elle est rebelle.
Deux bons points.

Mira, sa petite sœur, se fait enlevée par les Croates...

Et c’est parti pour une course-poursuite infernale, un sauve-qui-peut la vie.

Des gangsters «à l’ancienne», des truands sans foi ni loi et une histoire d’amour...ouf...tout de même...

Jacques-Olivier Bosco s’en donne à cœur joie, à feux de joie pour dénoncer la cruauté humaine, si, si, ça existe la cruauté humaine !
Le style de Bosco est percutant, convaincant, prenant.
Son monde (notre monde après tout) est hallucinant, effrayant, obsédant.
Les mots, les phrases, le rythme de Bosco tiennent la route, sans déraper dans le glauque gratuit. Sans jamais dérailler dans le voyeurisme complaisant.
Le suspens tient au corps et au cœur du lecteur.
Un livre en noir et blanc taché du rouge sang de la mort.
Un livre en noir et blanc ponctué du rouge cœur de l’amour.
On sort du livre (oui, c’est la bonne expression, sortir du livre comme on sort d’un cauchemar ou d’un tunnel à peine éclairé d’espoir) sonné, exténué, en sueurs.

Encore plus révolté que jamais contre la connerie humaine.
Encore plus amoureux...de l’amour.
Et la révolte et l’amour, y’a que ça de vrai dans la vie...pour rester debout !
Ce livre donne la rage !
Et rien que pour ça, merci Monsieur Bosco !

«L’enfer et ses brûlures, finalement, qu’est-ce que c’était face à la monstruosité de ces hommes ?»

Conseillé par
24 octobre 2012

« Ce fut un été humide et rigoureux, se rappelle Mary Shelley en 1831, et la pluie incessante nous confinait des jours entiers à l'intérieur de la maison ». Là, elle va écrire «Frankenstein ou le Prométhée moderne».

Lendemain de cuite difficile. Sacrée gueule de bois.

Antoine Verney est un écrivain de romans à l’eau de rose, romans de gare, genre collection Arlequin.
Il a écrit : «Rougir de plaisir», «L’Amour commotion», «Il n’y aura plus d’hiver dans les saisons de ma passion» ou bien «La théorie des amoureux solubles».

Après une soirée trop arrosée et huit heures de sommeil plus tard, notre héros se réveille.
Des zombies ont pris le contrôle de la planète. C’est une pandémie mondiale. Ils sont des millions, des dizaines de millions.
Ils sont la foule. Infinie et sans âme.
«Leur nombre est leur intelligence."
Il n’y a plus de gouvernements, plus de police, plus d’armée.
Les dernières poches de résistance sont tombées.
Plus de télé, plus de tous ces appareils électroniques qui nous rendent esclaves, plus de disques durs...
Restent les livres...

Et des zombies.
«Dents immondes, une langue grise qui s’agite, des lèvres retournées...corps à moitié dénudés, doigts tendus.»
Ils sont là pour signifier notre mortalité, «la mort dans notre vie, et la vie dans la mort.»

Antoine Verney serait (j’ai bien écrit «serait») le seul survivant.
Constat : «J’étais heureux et je ne le savais pas.»

Le lecteur tourne, tourne les pages avec une seule idée en tête : comment va t-il s’en sortir ?

Notre héros, car il s’agit bien d’un héros, occupe son temps : faire le ménage, lire (Dostoïevski, Stendhal, Jane Austen), écrire, se ravitailler en nourriture, cultiver un jardin, récolter l’eau de pluie, entretenir des plantes vertes, souligner le nom du saint sur un calendrier des pompiers et tuer un zombie de temps en temps.
En pleine tête, seul moyen de les achever.

Parfois les zombies disparaissent et...ils nous manquent...
Puis l’habitude des zombies : l’habitude abrutit.
Enfin, ces zombies adorent écouter notre héros lire à haute voix (de loin, distance de sécurité oblige) ses romans sentimentaux qui parlent de jeunes infirmières amoureuses de vieux chirurgiens ou de femmes battues qui se vengent...
Il a (enfin) trouvé son public.
«Si je ne suis pas désiré, je ne suis plus rien.»

Bien sûr les êtres aimés lui manquent.
Les autres...aussi !

Plus tard, c’est la rencontre avec un autre survivant : une femme.
L’unique femme ?
«Ses cheveux bougent quand elle marche...»
Ah, l’amour, toujours l’amour...

Roman de série B. Littérature populaire. Que sais-je ?
«Et j’étais libre, car personne ne se soucie de littérature populaire. Elle n’est pas surveillée.» nous dit le héros ou bien est-ce l’auteur ?

Bon, j’avoue (pourquoi devrais-je avoir honte de lire des histoires de zombies ?), j’ai aimé lire ce livre. Je l’ai lu avec un plaisir non dissimulé que je vous exhibe ici-même.
Je me suis beaucoup amusé.

Et ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler la fin.

Avertissement à la population : les zombies sont des morts-vivants partiellement décomposés, dépourvus de langage, de raison et souvent de conscience, qui survivent en se nourrissant de la chair humaine des vivants.

Aurions-nous besoin d’ennemis pour (sur)vivre ?