Thierry C.

http://lesangnoir.wordpress.com/

«Acheter des livres serait une bonne chose si l’on pouvait simultanément acheter le temps de les lire.» Schopenhauer
Et à quoi sert la littérature?
Peut-être à essayer de vivre selon les nuances car la littérature est «maîtresse des nuances» disait Barthes.
La littérature «s'embarrasse» de nuances. Ne se sépare de personne.
Elle s’intéresse aux différences, aux subtiles différences, aux sensibles singularités.
Elle veut comprendre. Raconter. Regarder. Éclairer l’existence.
Teinter la vie. Sucrer, saler la vie.
La littérature aide à respirer. Reprendre souffle. A souffler, un peu. Sûrement!

pour un nietzschéisme de gauche

Grasset

19,90
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21 novembre 2012

Dans son roman «Le Sang Noir» (un chef-d’oeuvre !), Louis Guilloux immortalise Georges Palante, dit Cripure (d’après la «Critique de la raison pure» d’Emmanuel Kant).
Un héros romanesque...malgré lui.

Mais qui était ce Georges Palante (1862-1925) ?
Un philosophe nietzschéen qui vivait avec une fille à matelots illettrée ?
Un prof de philo qui corrigeait ses copies dans des hôtels borgnes ?
Un provocateur de duels ?

Palante est un philosophe de la révolte individuelle.
Qui déclare que le travail est un dévoreur de temps, d’énergie et de liberté.
Qui refuse de suivre les moutons de Panurge, qui refuse l’esprit de clan, qui attaque en règle l’instinct grégaire, le groupe vulgaire, brutal et lourd de bêtise.

Il propose l’ironie qui pratique l’éviction avec virtuosité.
Il célèbre l’individu, sa force, sa puissance.
L’Un contre la Masse.
L’Un contre la soumission aux idées mâchées «rien que pour vous», aux idoles préfabriquées «rien que pour vous».
Il revendique l’athéisme social sans tomber-sombrer dans le nihilisme.
Il pratique le dédain, le mépris contre le déterminisme social ambiant, le pouvoir et ses influences.
Il s’isole et se promène parmi les hommes comme s’ils étaient les arbres d’une forêt.

Oui, oui et oui, j’insiste lourdement, il faut lire (et relire sans cesse) George Palante pour...rester debout et regarder loin !

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21 novembre 2012

Sonia Darthou est Docteur en Histoire Ancienne et membre du Centre de Recherche Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques au CNRS.

Son petit dictionnaire (une cinquantaine de mots) «Les mots face à l’Histoire» est un petit bijou de lecture.
Les mots portent notre histoire et sans cette histoire des mots, c’est notre Histoire qui serait illisible.
Ce livre est divisé en quatre parties : les mots et la politique, autour des sens, les mots de l’altérité, et explorons nos expressions.
Deux ou trois pages sont consacrées à chaque mot et expression.
C’est écrit simplement mais c’est richement intéressant.

Alors, si vous voulez bien retourner aux origines des mots, si vous êtes curieux, c’est un régal à lire.

Mais que signifie exactement «succomber aux chants des sirènes», «toucher le pactole» ou «s’en laver les mains» ?
D’où viennent les mots «méduser», «chimère» ou anathème» ?
Que veulent dire les mots «laconique», «pygmalion» ou «nostalgie» ?
Quelle est l’histoire des mots «prolétaire, «ambition» ou «ostracisme» ?
sait-on exactement de quoi l’on parle ?

Indispensable ?
Assurément !
Presque !

«Comme les hommes, les mots ont une histoire. Pour les faire résonner de tout leur sens, il nous faut plonger au coeur de la mythologie et de l’histoire antiques.»

Bon voyage au pays des mots...

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21 novembre 2012

Le style !

J’avoue, cher lecteur, j’ai un gros, gros faible pour Barbey d’Aurevilly (1808-1889) et régulièrement, je me relis une nouvelle ou un roman (ah, la magnifique «Histoire sans nom») de cet auteur trop déclassé.

Dans «Les Diaboliques», six nouvelles sulfureuses, publiées en 1874 et vite retirées de la vente, Barbey d’Aurevilly nous dépeint, avec son style, six histoires étonnantes.
«Le rideau cramoisi» voit une femme mourir pendant l’orgasme.
«Le plus bel amour de Don Juan» raconte une adolescente qui fantasme sur l’amant de sa mère.


Dans le «Bonheur dans le crime», Hauteclaire Stassin empoisonne sa rivale.
«Le dessous de cartes d’une partie de whist» nous montre un homme qui séduit la mère et...la fille.
Et puis l’atroce «Dîner d’athées» et la débauchée «Vengeance d’une femme» concluent le tout, de toute beauté.

Ici, c’est l’enfer vu par un soupirail de province.
Oui, «un romancier n’est pas un préfet de police d’idées», oui aux «ivresses de la passion...sans laquelle il n’y aurait ni art, ni littérature, ni vie morale.», oui, «les passions font moins de mal que l’ennui.», écrivait Barbey d’Aurevilly.

Certes, Barbey d’Aurevilly peut être taxé de misogynie. Certes !
Certes, ce Barbey d’Aurevilly est un rétrograde, royaliste et catholique. Certes !
Certes, son style est outrancier, voire précieux, gavé d’adjectifs et d’épithètes, débordant de métaphores et d’oxymores. Certes !

Mais c’est si excitant et j’aime ça !

«Cambrée à outrance, comme elle l’était, pour accrocher son chapeau à cette patère placée très haut, elle déployait la taille superbe d’une danseuse qui se renverse, et cette taille était prise (c’est le mot, tant elle était lacée !) dans le corselet luisant d’un splencer de soie verte à franges qui retombaient sur sa robe blanche, une de ces robes du temps d’alors, qui serraient aux hanches et qui n’avaient pas peur de les montrer, quand on en avait.»

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15 novembre 2012

«Ni vous sans moi, ni moi sans vous.»

C’est la version du médiéviste Joseph Bédier que j’ai lue.
C’est celle que je vous conseille de lire. Elle fait référence.
Histoire reconstituée, ré-écrite, en prose fidèle, à partir de fragments, de versions, de traditions orales, d’iconographies...
Des fragments de Thomas (3000 vers, bon courage !), de «l’estoire» de Béroul (4500 vers, bon courage, bis !), de Berne ou de Marie de France.
A partir de l’imaginaire médiéval du XIIème siècle transmis de troubadours en trouvères...du bouche à bouche, quoi.

L’histoire tragique d’un couple contraint à un amour coupable, impuissant à maîtriser ses pulsions du désir, c’est pas beau ça, waouh !

Cela se passe dans les Cornouailles.
Y’a des forêts magiques, des dragons, des lépreux, des traites, des pièges, des ruses, des combats, des nains, des méchants vassaux, des magiciens...ça n’arrête pas une seconde !

C’est un texte fondateur de notre culture amoureuse, esthétique.
Tristan et Yseut, Roméo et Juliette, ah, l’amour, quant tu nous tiens...

En résumé, mais je vous préviens tout de suite, je ne vais pas tout vous raconter, faut bien que vous y mettiez du vôtre, à lire un peu, non ?

Tristan est beau gosse, courageux, fort et en plus il sait jouer merveilleusement de la harpe.
Son nom est Tristan car dans Tristan, il y a triste.
Sa mère meurt à sa naissance et son père est chassé de son trône.
Une enfance difficile, donc.
«Triste j’accouche...tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom de Tristan.» Sa mère l’embrasse et elle meurt.

Il est le neveu du roi des Cornouailles, Marc.
Tristan libère le pays d’un terrible géant nommé Morholt.
Pendant le combat, il se blesse.
C’est Yseut, la belle blonde fatale qui va le soigner, aidée par sa mère un peu magicienne.
Le roi Marc est célibataire et comme y’avait pas Meetic à cette époque, il lance un appel. Il jure de se marier avec la femme dont un cheveu blond (plus fin que fil de soie, brillant et lumineux comme un rayon de soleil) a été déposé, sur sa fenêtre, par une hirondelle féérique.
Cette belle blonde fatale, c’est Yseut, vous l’aviez déjà deviné.
Tristan, qui la connait (souvenez-vous, c’était son infirmière), promet de la retrouver pour satisfaire son oncle.
Tristan est alors dévoué et pas amoureux pour un sou de la belle blonde fatale Yseut.
Sur le parcours, semé d’embûches (cela va de soi), il va trucider un dragon et boire un coup de philtre d’amour avec Yseut.
Ils avaient soif et voilà que la servante Brangien fait une grosse, grosse bourde. Elle leur sert un petit coup de philtre.
Ce philtre, amoureusement mijoté par la mère d’Yseut, était destiné à Marc et Yseut.
Date de validité du produit : trois ans.
Grosse, grosse bourde qu’elle a fait la Brangien.
Le roi Marc ne va pas trop apprécier...je vous dis pas.
Bon, je vous raconte pas la fin mais sachez que les histoires d’amour finissent mal...en général...

Un texte magnifique qui va nourrir une bonne partie de notre littérature.

«Ceux qui en boiront ensemble s’aimeront de tous leur sens et de toute leur pensée, à toujours, dans la vie et dans la mort.»

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14 novembre 2012

Complet, pratique ET plaisant, par-dessus le marché, ce guide encyclopédique comprend, pour pas très cher en plus de ça, des articles sur : les auteurs et les oeuvres-phares avec extraits, résumés, citations, analyses, les personnages clés, les mythes, les grands courants, les genres, des notions de rhétorique et de stylistique.
Le tout (480 pages et 600 articles, tout de même !) classé par ordre alphabétique.

C’est un ouvrage de référence conçu par un collectif de spécialistes.
Idéal pour acquérir une culture littéraire.
Revenir sur des notions oubliées.
Donner envie de lire ou/et de relire.
Préparer des examens.

Un outil de première main, cousu main pour les amoureux de la littérature.

Conseillé avec enthousiasme !