Ports : ils sont bordés par des quais, ponctués de différents mouillages, de simples barques colorées ou de coursiers racés, de bateaux de pêche ventrus, de fiers navires militaires et parfois même, au loin, d'imposants cargos chargés de conteneurs. Tous sont prêts à s'élancer. Le large les appelle. Ils piaffent d'impatience en larguant leurs amarres.
Depuis ma jeunesse, par passion, j'ai eu la chance d'embarquer sur tous ces types de navires et de naviguer de longues semaines.
Mis à part son port d'attache, on ne quitte pas les autres sans un brin de nostalgie. En les voyant s'éloigner, le coeur se serre un peu. On laisse là d'autres cultures, d'autres marins, réputés taiseux, et qui se sont livrés, parfois, à quelques confidences. Il arrive même qu'on y quitte des amis. Alors, journaliste et auteur, je noircis mes carnets afin de transmettre, à d'autres, la magie de toutes ces rencontres.

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Vers tout ce qui ressemble à ton désir, précipite-toi sans fermer les yeux". Cette injonction de Giraudoux m'a toujours accompagnée et elle est pour moi comme une morale à laquelle je m'efforce d'être fidèle. Parce que le désir est la vie même, tout commence par lui, nous en sommes le fruit, et tant que nous désirons, nous sommes vivants.
Si le désir nous soumet, il nous rend aussi follement libre, capable de toutes les transgressions. Ni Dieu, ni Maître, Thank you Satan, comme le chante Léo Ferré...
Je désire revoir le printemps, la mer que j'aime tant, les toiles de Goya au Prado, le Pacifique et sa barrière de corail, je désire relire Proust et Pessoa, je désire continuer à désirer l'homme que j'aime, je désire séduire longtemps encore, je désire vieillir doucement et sereinement en découvrant de nouveaux désirs inimaginables à vingt ans, et enfin je désire mourir à mon heure, quand je le déciderai -si j'en ai le courage- quand le désir aura par trop déserté ma vie et ne me promettra plus de nouvelles épiphanies.

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Élégance : ce simple mot éclaire le chemin de ceux qui le connaissent, et dont le nombre va malheureusement en s ?amenuisant. L'élégance, c'est celle de mon vieil oncle André qui, lorsque j ?étais plus jeune, ou plus impressionnable, m ?étonnait tellement quand il demeurait en costume trois pièces, cravate et gilet haut boutonné, même au plus fort des grandes chaleurs de l'été ardéchois. Celle aussi de ma grand-mère, dont le sourire si tendre accueillait les visiteurs dans la pénombre fraîche de la vaste maison de famille. Élégance des discours de mon père, si savant et subtil qu ?il nous perdait souvent en route, élégance de l ?amour de ma mère qui édifiait autour d ?elle une indestructible cellule familiale. Élégance des belles histoires que racontait Alain Bombard à la télévision ; élégance de John Fitzgerald Kennedy, dont la mort tragique a pour toujours transfiguré la jeunesse éclatante ; élégance de Kondratieff, qui mourut de la main de Staline pour n ?avoir pas renié les idées que son cerveau scientifique avait méticuleusement construites ; élégance, enfin, de Sacha Guitry, dont l ?esprit étincelant restera inégalé, et de Winston Churchill, héros d ?une nation et amoureux des cigares, du whisky et de la littérature.

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Avec le temps qui passe, je me demande si ce n'est pas le mot que Marthe Robin disait parfois à ses amis en les quittant : «À tous les jours.»
Pourquoi ? D'abord parce que je suis historien de formation et que je crois à la durée. Et à la fidélité dans la durée quand on a fait les choix essentiels : choix des amitiés, choix de la patrie, choix de Dieu, choix des amis en Dieu, choix d'une vocation proposée par Dieu. Une fois que les grandes lignes d'une vie se dessinent, c'est beau d'être attaché, d'être fidèle, et de l'être pour toujours, quelles que soient les circonstances. Le temps n'atténue pas les choses, il leur donne de s'approfondir, il leur confère de l'épaisseur. Le temps bien utilisé appelle à aller plus loin, à se donner davantage. Il fait de la vie une montée.
Par ailleurs, être tous les jours dans cette perspective s'accompagne d'un dialogue constant. Avec les fidèles, mais aussi avec le monde qui nous entoure et dont nous sommes chargés. Loin de replier sur soi, cela donne de l'oxygène.
Il me semble que cette minuscule phrase renferme bien des choses. Je l'aime et je voudrais la porter en moi et autour de moi.

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Mon mot préféré est un terme de la langue hiéroglyphique, KA,qui sert à écrire les notions de puissance créatrice,d'énergie vitale,de travail,de nourriture,et qui se dessine avec les deux bras levés en signe de vénération ou bien un taureau.

Christian Jacq

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