théâtre d'horreur
Suite chronologique à "la Griffe du chien", "Cartel" suit au plus près une décennie (2004-2014) d'histoire du trafic de drogue au Mexique, de ses protagonistes et de ses victimes. La décennie où après le 11 septembre, les USA décident d'appliquer contre le narcotrafic le même mode opératoire que contre le terrorisme.
La documentation est impeccable, et la forme romanesque insuffle de l’humanité dans cette stupéfiante litanie de violence. Si quasiment seul Art Keller, l'agent plus que border line de la DEA parvient vivant au bout des 700 pages du roman, Don Winslow n'oublie pas que quelques femmes et hommes dépassent leur peur, se révoltent et luttent contre ce déchaînement incontrôlé de cruauté; mais elles ne semblent échapper à la mort que par l'ironie du hasard. Car les causes politiques, historiques et économiques de l'engrenage des tueries sont clairement nommées, et s'allient à de bien humaines passions pour créer ce terrifiant et baroque théâtre d’horreur que mettent en œuvre narcotrafiquants, politiciens et « forces de l'ordre » autour de la frontière américano-mexicaine.
Le livre, dans son rythme et le découpage des scènes, emprunte à ce que les séries tv américaines ont produit de meilleur ; et malgré l'accumulation de malheur, impossible de le lâcher.
Une admiratrice qui persuade un écrivain de la rencontrer, pour débuter un roman, ça laisse ouverts tous les possibles.Ici s’ensuivront sur quelques années deux rendrez-vous à terrasse de café, quelques lettres, appels téléphoniques ou échanges de sms, avant le silence définitif de Béatrice Ombredanne.
C'est assez de zones d'ombre pour convaincre l'écrivain de se plonger dans la face obscure de la vie de Béatrice. Au contraire de beaucoup des abruptes héroïnes de ses livres précédents, c'est le portrait d'une femme écrasée que nous donne Eric Reinhardt. ; victime de son mari, tyran domestique et pervers narcissique, toxique et manipulateur sous ses atours normaux. Mais Béatrice est aussi victime du jeu de la représentation sociale, de ses illusions tenaces et de ses rêves bafoués.
Nous libraires sommes souvent questionnés par les clients sur notre métier. Avec envie pour les romantiques, avec apitoiement pour ceux qui réagissent aux jérémiades périodiques de la profession.
Des coups de tabac, Gérard Lambert, qui a tenu la barre de Voix au chapitre à Saint-Nazaire pendant 18 ans, en a essuyé plus d'un, jusqu'au dernier qui fut fatal à la librairie. Mais dans la catégorie des "petits" libraires que les "gros" libraires et éditeurs regardent avec commisération, Gérard Lambert est un des meilleurs ; beaucoup dans la profession redoutaient les philippiques grand style qu'il écrivait volontiers quand on lui grattouillait un peu trop la couenne. Aussi est-ce un vrai plaisir de le lire à nouveau dans cette série de vignettes, où sa gouaille de moraliste anarcho-syndicaliste fait merveille pour décrire le quotidien du métier. Il y a du Chamfort chez cet homme ! ;) l'humour en plus - et l'Académie en moins.
De certaines façons de mourir
Les années flétries
1
De Rafael Menjívar Ochoa
Traduit par Thierry Davo
Cénomane
Eloge de la manipulation
Quelque part au Mexique, mais ce pourrait être ailleurs en Amérique du Sud, entre XXe et XXIe siècle, les masques ont travesti toute la réalité.
Des officines policières aux objectifs fantomatiques se terrent pour échapper à d'autres services tout aussi secrets dans une atmospère pernicieuse où l'antihéros jouant le benêt maîtrise mieux son destin que les méchants leur identité.
Et le lecteur ébahi d'assister à cette joyeuse et macabre pantomime.
L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa
De Romain Puértolas
Le Dilettante
un livre désopilant, vif et juste, avec happy end en prime, sur une thèmatique bien d'actualité, la condition des clandestins pourchassés de frontière en frontière. A conseiller illico à Manuel Valls et à François Hollande.