Gwenaëlle

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Tombée dans les livres dès l'enfance, je suis aujourd'hui toujours passionnée par l'écrit. Ecrivain public, j'aide les autres à mettre en forme leurs idées. Blogueuse, je partage mes coups de cœur littéraires. Maman, je lis des histoires à mes enfants... Vous pouvez me retrouver surSKRIBAN

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17 mai 2011

Comment? Vous ne saviez pas que Sherlock Holmes avait une sœur? Eh bien, alors, je vous l’apprends. La petite Enola vit seule avec sa mère au manoir de Ferndell Hall, dans la campagne anglaise. Elle vit une vie d’adolescente insouciante et plutôt libre jusqu’au jour où sa mère disparait mystérieusement. Après l’avoir longuement cherchée dans les alentours, Enola se rend à l’évidence : elle doit prévenir ses deux grands frères, Mycroft et Sherlock, qu’elle n’a pas vus depuis dix ans.

Les deux hommes débarquent donc au domaine et décident de prendre les choses en main. Leur mère ayant disparu, ils décident qu’il est temps de donner à leur jeune sœur la bonne éducation qu’elle mérite et de l’envoyer en pension. Enola n’est pas de cet avis mais on ne l’écoute pas. Elle prépare donc minutieusement son évasion et décide de se rendre à Londres pour retrouver sa mère… et échapper à la pension, au corset et au porridge du matin…

Jolie surprise que cette première aventure d’Enola, dans une collection pour ado. C’est bien écrit, plein d’humour et plutôt captivant. Et surtout, malgré la capacité limitée de sa boite cranienne – dixit Sherlock – la petite Enola prouve qu’elle a du cran et au moins autant de capacités de déduction que son frère. Voire plus… Elle est une femme, après tout, non?

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17 mai 2011

Tourmens est une bonne ville française, avec sa cathédrale, sa rivière, son hôpital… Elle est dirigée par un maire tout-puissant – Francis Esterhazy – marié à un ex-mannequin et obsédé par le vidéo-surveillance. Toute ressemblance… bla bla bla. Mais ce personnage peu recommandable qui tire dans l’ombre les ficelles n’est pas vraiment au centre de l’histoire. Les vrais héros, ce sont René et Renée, des jumeaux qui ont créé une agence pour assurer la protection des célébrités et autres VIP : Twain Peeks.


Mystérieux, dotés de pouvoirs surprenants, ces deux-là vont être impliqués dans une sinistre affaire qui mêle médecine, industrie et politique. Aidés par un médecin qui leur veut du bien et une commissaire qui n’est pas insensible au charme de René, ils vont déjouer le complot fomenté en haut lieu. Mais ce faisant, ils risquent de révéler l’incroyable secret qui les lie depuis leur naissance…

Un roman étonnant, qui fait alterner les points de vue et éclaire ainsi le récit de multiples façons. Un livre qui rend aussi hommage aux séries policières et s’immisce au cœur même des mystères de l’identité. Cela pourrait paraître gros, farfelu ou brouillon mais l’histoire est tellement captivante que l’on se glisse tour à tour dans la peau des personnages sans difficulté, on suit leurs péripéties sans rien remettre en cause. Le plaisir d’un bon divertissement se fait rare et c’est sans doute ce qui explique que j’ai autant apprécié cette lecture. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre la suite… Car bien sûr, suite il y a!

Éditions de L'Olivier

17,20
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17 mai 2011

Pour les soixante-dix ans de son mari, Noé, Marianne a décidé d’organiser une grande fête en invitant tous ses enfants et ses petits-enfants. Au cours d’un long week-end, ils se retrouvent tous dans la grande maison de Saint-Lunaire où le vieil homme s’est exilé pour sa retraite. C’est une famille recomposée qui se rassemble car Noé a eu un fils lors de son premier mariage.

Ces retrouvailles sont l’occasion, pour les uns et les autres, de renouer avec leur passé, de retrouver ce qui faisait le sel de leur enfance. Chaque personnage s’exprime tour à tour et si chaque voix fait penser au détail d’une mosaïque, c’est peu à peu une image d’ensemble qui se dégage. Celle d’une famille qui s’est calcifiée sur la mort d’une enfant, enfouissant ses secrets et ses chagrins, pour continuer à vivre, malgré tout. Cette famille, c’est un peu la vôtre, c’est un peu la mienne et c’est sans doute ce qui permet au lecteur de se glisser aisément dans cette histoire où les apparences sont, évidemment, trompeuses.

De l’adolescente délaissée par ses parents à la jeune mère qui ne veut pas voir la dépression qui la guette, de l’aïeul qui ne sait plus trouver les mots pour parler à ses enfants devenus adultes à la mère jalouse qui applique la loi du Talion, du mari pièce rapportée et pris pour un con à la fille qui n’assume pas vraiment ses désirs : vous retrouverez dans ce roman cet air bien connu des familles qui s’aiment mais se déchirent.

J’ai apprécié ce week-end un peu houleux, avec les uns et les autres, même si j’ai trouvé, par moments, que l’auteur « chargeait un peu la mule »… tant cette famille semble accumuler drames et déboires. Mais c’est finement écrit, bien vu et l’ensemble sonne juste. Une lecture qui a la douceur et la chaleur d’un plaid en mohair. Celui qui vous enveloppera, quand la nuit venue, vous ouvrirez la première page de ce roman…

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19 avril 2011

Un très bon cru qui ne décevra pas les amateurs de romans noirs.

Pour ceux qui n'auraient encore jamais croisé sa route, Varg Veum est un détective privé qui exerce à Bergen, en Norvège. L'écriture sur le mur est le neuvième tome de ses "aventures".


Alors que la ville est encore sous le choc, à la suite de la découverte du corps d'un juge d'instance - en petite tenue (féminine s'il vous plait!) - dans une chambre d'hôtel, Veum est chargé par une mère de retrouver Torild, sa fille de seize ans, qui a disparu depuis quelques jours. Il commence à fureter un peu, est plutôt mal accueilli par les amis de la jeune fille... Les pistes ne sont pas nombreuses mais tournent toutes autour d'une salle de jeux. Quelques jours après avoir commencé à enquêter, les choses se corsent car Varg reçoit par courrier son avis de décès : il a rendez-vous avec la mort dans une semaine...

Comme le commissaire Charitos, Harry Hole, Nestor Burma ou Harry Bosch, Varg Veum fait partie de mes héros de romans policiers préférés. Je suis ses aventures depuis le début. J'aime son humour pince-sans-rire, sa manière d'affronter les méchants sans pouvoir s'empêcher de faire du mauvais esprit, sa rectitude et son envie de contribuer à un peu plus de justice en ce bas-monde. Tour à tour désolé, imbibé, amoureux, battu, drôle, Veum fait partie de ces héros un peu trop humains, auxquels le lecteur s'attache facilement. Pour autant, l'auteur ne profite pas de ce lien pour céder, au fur et à mesure des histoires, à la facilité. L'écriture sur le mur propose une intrigue à plusieurs niveaux et bien malin celui qui peut deviner le coupable avant la toute fin... Gunnar Staalesen dresse aussi, roman après roman, le portrait d'une jeunesse déboussolée, d'un pays dans le doute et d'une ville que la météo ne chérit pas.

Traduit de l'espagnol (Cuba) par René Solis et Elena Zayas

Anne-Marie Métailié

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16 avril 2011

De l’écrivain cubain, Léonardo Padura, on connait surtout le personnage de Mario Conde, le privé de la Havane. Un autre héros de polar récurrent et très attachant…

Dans L’homme qui aimait les chiens, l’écrivain change de registre. Il suit l’itinéraire de deux hommes qui ont marqué l’histoire. Le premier, Léon Trotski est, au moment où débute le récit, un homme poursuivi par la haine de Staline, qui a fait de lui un exilé, un paria. De la Turquie jusqu’au Mexique en passant par la Norvège, Trotski et les siens sentent, peu à peu, l’étau se resserrer, d’intimidations en menaces. Accusé des pires maux par une machine de propagande à la botte du dictateur, sans soutien ni moyen de se défendre, le fondateur de la IVème internationale sent la fin approcher…

Cette fin prendra le visage de Ramon Mercader, le deuxième homme. Jeune Espagnol poussé par sa mère à se montrer de plus en plus déterminé et héroïque, ce-dernier est bientôt embrigadé par les communistes. Il part en URSS, devient le « Soldat 13″ et reçoit un entraînement intensif pour devenir une véritable machine à tuer. Il prend ensuite le nom d’emprunt de Jacques Mornard et c’est sous cette identité qu’il sera chargé d’assassiner Léon Trotski.

Un troisième homme permet de faire le lien entre ces deux trajectoires : Ivan, un ex-écrivain cubain désabusé, dégoûté par les mensonges de la propagande communiste qu’on l’a obligé à ingurgiter pendant des années et qui rencontre sur une plage un homme qui promène ses chiens, deux barzoïs superbes. Peu à peu, Ivan et l’inconnu se lient et Ivan devient alors le confident d’une stupéfiante histoire…

A travers ces trois portraits, Léonardo Padura revient sur une des plus grandes idéologies du XXème siècle, idéologie dévoyée au profit d’un petit nombre et qui a fracassé des milliers de vies sur les écueils du mensonge et du crime à l’échelle d’un continent.

"L’Union soviétique léguerait aux temps futurs son échec et la peur de plusieurs générations en quête d’un rêve d’égalité qui, dans la vie réelle, était devenu le cauchemar de la majorité."

L’homme qui aimait les chiens est un livre dense, extrêmement documenté, un pavé de 650 pages qui vous cale le ventre comme un bortch roboratif. C’est aussi une manière de mettre l’histoire – la petite et la Grande – en perspective, de dénoncer la réalité politique et sociale encore à l’œuvre à Cuba et d’amener chacun à réfléchir, incidemment, sur des choix de société à faire pour l’avenir. Un livre ambitieux et une charge féroce contre toutes les dictatures…