Gwenaëlle

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Tombée dans les livres dès l'enfance, je suis aujourd'hui toujours passionnée par l'écrit. Ecrivain public, j'aide les autres à mettre en forme leurs idées. Blogueuse, je partage mes coups de cœur littéraires. Maman, je lis des histoires à mes enfants... Vous pouvez me retrouver surSKRIBAN

Crais, Robert

Pocket USA

Conseillé par
8 juin 2010

Robert Crais est un auteur américain, surtout connu pour la série mettant en scène le detective privé Elvis Cole et son acolyte Joe Pike. Dans The Two Minute Rule, il nous propose deux nouveaux héros.
Le premier, Mal Holman, ex-braqueur de banques, incarcéré pendant dix ans, s’apprête à retrouver la liberté et une vie à peu près normale quand l’histoire débute. Il espère aussi revoir son fils, Richie, désormais policier, avec qui il a perdu tout contact. Hélas, quelques heures avant sa sortie de prison, on lui apprend que son fils a été tué dans une embuscade avec trois autres flics.
Katherine Pollard, elle, est une ex du FBI et c’est elle qui a procédé à l’arrestation de Max Holman lors de son dernier braquage. Elle a cessé de travailler, renoncé à sa carrière, pour élever ses deux fils et mener une tranquille vie de famille. Mais pour elle non plus, les choses n’ont pas tourné comme elle s’y attendait. Alors qu’ils s’apprêtaient à divorcer, son mari est mort. Sans ressources, elle est obligée de faire appel régulièrement à son envahissante mère pour régler quelques factures et garder les enfants.
Quand Max demande à la police de lui expliquer comment son fils est mort, les éléments qu’on lui donne le rendent très dubitatif, voire carrément soupçonneux. Avec l’aide d’un vieux complice qui lui fournit argent et voiture, il essaie de mener son enquête mais son statut d’ex-taulard lui colle à la peau et il n’arrive à rien. En dernier ressort, il décide de faire appel à celle-là même qui l’a arrêté : Katherine. Ensemble, ils vont tenter d’en savoir plus et tomber très rapidement sur une affaire qui les dépasse.
Au delà de l’intrigue bien ficelée, qui tient le lecteur en haleine, le charme de ce livre réside surtout dans ces deux personnages et leur improbable association. Le méchant d’un côté, qui a tant de mal à persuader les autres qu’il a changé, qu’il a payé sa dette à la société et qu’il est désormais capable de vivre autrement. De l’autre, flic un jour, flic toujours, la bonne Katherine et ses réflexes policiers, méfiante, incrédule mais qui, malgré tout, reste femme et sensible à la détresse d’un homme qui a tout perdu avant d’avoir une chance de se racheter.
Un livre traversé par ces grands thèmes que sont la culpabilité et la possibilité d’une rédemption, la transmission entre générations, la relation parents/enfants, le pardon et la possibilité d’une nouvelle vie. A lire en VO pour en conserver tout le sel…

Conseillé par
8 juin 2010

Dans La collecte des monstres, on retrouve cette écriture incisive qui n’a pas son pareil pour faire ressortir les traits noirs de notre société. De l’assoiffée d’amour ou de célébrité au fils qui se débarrasse de sa mère, en passant par les cases maladie, racisme ou obsession, c’est effectivement une revue de « monstres » que nous propose l’auteur, de ces monstres que crée la société moderne sans même le savoir… Plaies à vif et petites lâchetés invisibles, tragédies minuscules, drames inaperçus, Emmanuelle Urien, à la manière d’un photographe, puise son inspiration dans ces scènes quotidiennes qui recèlent beaucoup, pour peu qu’on s’arrête un peu pour prendre le temps de les regarder. Néanmoins, parce que j’ai trouvé moins de force à ces histoires qu’à celles du premier recueil, je recommande à ceux et celles qui ne connaîtraient pas (encore) cet auteur de commencer par celui-ci pour lire ensuite Court, noir et sans sucre, qui porte vraiment bien son titre!

roman

Points

6,90
Conseillé par
8 juin 2010

Pauvre Toussaint Legoupil! Noir de peau, adopté dans un orphelinat chinois par des parents français un tantinet frappadingues, il doit inventer les ruses les plus démoniaques pour échapper à la surveillance de sa mère Mado afin de s’envoler pour la Chine. Il veut en effet comprendre le mystère de sa naissance… Commence alors une longue aventure, pleine de péripéties délirantes et de rencontres abracadabrantesques, qui permettra à Toussaint de boucler la boucle, comme on dit.
Pour décrire le style de J.M Erre, on pourrait dire qu’il est le résultat d’un cocktail explosif dans lequel on aurait mélangé de l’essence de Vian, du concentré de Carl Hiaasen, de la poudre d’Oulipo, le tout surmonté d’une cerise paasilinesque. C’est farfelu, c’est drôle et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne se prend pas au sérieux. Une lecture idéale pour passer un bon moment, surtout si le ciel est gris et dégouline…

Loriano Macchiavelli

Pascuito

Conseillé par
4 juin 2010

Dans la note au lecteur qui précède le récit, on apprend que ce court roman a été publié en feuilleton dans le journal l’Unita, en juillet 1985. Ceci explique sans doute la brièveté du récit et son air de longue nouvelle. Sarti Antonio, le sergent bien connu de Bologne, mène l’enquête sur un meurtre. Un jeune SDF a été poignardé et s’est éteint sur le canapé, chez des amis où il avait trouvé refuge. Seul indice : deux noms chuchotés avant de mourir.

Sur cette trame pour le moins légère, Loriano Macchiavelli bâtit une historiette. Une centaine de pages, où les caractères sont tellement gros qu’on les lit en à peine trois quarts d’heure. Cela sent l’écrit de commande et le lecteur ne peut être que déçu par cette histoire bâclée, sans profondeur, où le mystère se résout en deux coups de cuiller à pot… Lecteurs, même si vous aimez Sarti Antonio – et peut-être surtout si vous l’aimez – passez votre chemin. Ni l’auteur ni le personnage ne sortent grandis de ce roman…

Conseillé par
4 juin 2010

Un livre indispensable!

En publiant La désobéissance éthique, son auteur, Elisabeth Weissman ne va pas se faire des amis. Ni dans le monde politique ni dans le monde des médias. Car contrairement à beaucoup de journalistes, qui ont oublié l’essence même de leur métier, elle ne craint pas d’appeler un chat, un chat et Sarkozy, un grand danger pour la France et l’héritage social du Conseil National de la Résistance.


Présenté sous forme d’abécédaire, de A comme Alain Refalo, le premier désobéisseur à Z comme Zélitude… de ceux qui flattent la sarkozie, La désobéissance éthique dresse le portrait de ces hommes et de ces femmes, qui combattent la mort annoncée du service public, et explique leurs motivations.Que ce soit dans l’Education Nationale, à Pôle Emploi, chez EDF ou GDF, dans les hôpitaux et même dans les forêts, la logique marchande, propulsée par Bruxelles et mise en place par les politiques, volontairement soumis au pouvoir économique, est partout. C’est elle qui règne en maître, qui décide de tout et conduit à cette aberration : la société n’est plus au service des humains qui la composent mais exclusivement de l’Argent. Or, comme le rappelle la journaliste, «le service public n’est pas une entreprise privée : il est au service du public, travaille à la satisfaction de l’intérêt général et non à l’obsession des gains de productivité à court terme… Il donne accès à des biens et à des services collectifs que seule la puissance publique peut garantir, précisément parce que celle-ci n’obéit pas aux nécessités du marché. Il confère un sens au travail de tous ces professionnels qui se sentent investis d’une mission».

Seulement voilà : aujourd’hui, des pans entiers du service public sont sacrifiés à la logique destructrice du marché. Les professeurs sont sommés de ficher leurs élèves, de les évaluer comme on pèse les bestiaux. Les aides-soignantes doivent soigner sans perdre leur temps à sourire ou à adresser quelques paroles de réconfort aux malades. Les forestiers ont pour mission de faire du chiffre, en coupant les arbres en dépit du bon sens et de la protection de la biodiversité. Les conseillers de Pôle-Emploi doivent dénoncer les sans-papiers. Les salariés d’EDF doivent couper l’électricité chez les mauvais payeurs et tant pis s’ils crèvent de froid… Alors des hommes et des femmes ont décidé de résister. En refusant d’appliquer les ordres, de suivre les consignes. Chacun, à son échelle, tente de freiner le rouleau compresseur du dieu Marché. Ce sont, la plupart du temps, des initiatives individuelles, car les syndicats sont les grands absents de ce combat. Habitués à évoluer sur d’autres terrains, ils ne sont pas prêts à mener cette bataille-là, celle qui consiste à lutter contre «sale boulot» qu’on exige désormais des fonctionnaires. Dénoncer, vendre des produits dont les usagers n’ont pas besoin, couper les vivres à ceux qui sont les plus démunis…

Dogme, catéchisme, idéologie… on peut bien appeler cela comme on veut. Le résultat est le même : la dislocation de la société, la précarisation ou l’enfermement des plus fragiles (comme les schizophrènes, par exemple), la compétition à mort et la lutte de tous contre tous. Vieux contre jeunes, chômeurs contre salariés, fonctionnaires contre employés du privé, français de souche contre candidats à l’intégration. Et pour ceux qui voudraient enrayer cette logique mortifère, le pouvoir politique n’a qu’une réponse : la répression. Rien de moins. La répression féroce avec mise à pied, mutation forcée, suspension de salaire voire licenciement. C’est dire à quel point ces désobéisseurs font peur… car ils pourraient faire tache d’huile!

Très complet, bien documenté, courageusement engagé, l’ouvrage d’Elisabeth Weissman est un livre indispensable pour quiconque veut réfléchir à la direction prise par la société actuelle. Une société française déboussolée, où la démocratie est chaque jour mise à mal. Une société où de plus en plus de gens souffrent et ont l’impression de ne pouvoir rien faire contre cette souffrance. Mais comme le dit Jean-Marie Muller, auteur de «L’éloge de la désobéissance civile», «le citoyen, par rapport à la loi, ne peut pas être considéré dans un rapport de soumission. Il doit garder voix au chapitre dans la création et l’application des lois (…) il appartient au citoyen de s’organiser pour être en mesure d’être vigilant par rapport aux décisions qui sont prises en son nom». La désobéissance éthique nous invite à réfléchir à ce que se passe aujourd’hui et à réagir, pour que la politique mise en place par les dirigeants soit conforme à nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Ce qui, à l’heure actuelle, est loin d’être le cas…