Désordre

Penny Hancock

Sonatine éditions

  • Conseillé par
    16 décembre 2013

    Londres, thriller

    Voici un premier roman maîtrisé et réussi.
    Tout y est : l'ambiance, l'histoire, les personnages, et quelques petits détails comme un fil d'Ariane.
    L'ambiance d'abord. L'auteure a su créer un suspens qui monte au fil des pages. Sonia séquestre Jez, sans trop savoir pourquoi elle-même, sans plan précis. Mais Jez est gentil, alors on espère qu'elle va se décider à le relâcher. Les pages défilent, il va bien falloir qu'elle se décide...
    La narration, ensuite, qui mêle deux points de vue : celui de Sonia à la première personne, et celui d'Helen à la troisième personne. À chaque rebondissement, on change de point de vue, suspens...

    Les personnages. Sonia, au prise avec son adolescence qu'elle nous dévoile par petites touches, en fonction de ses souvenirs. Sonia nous laisse deviner une petite fille puis une adolescente sous l'emprise d'un garçon, Seb. Un passé qui tourne autour d'un drame.
    Puis il y a Helen, dont les deux fils sont les archétypes de l'ado boutonneux et mal dans sa peau, dont le mari la délaisse, et qui préfère la bouteille de vin à un tête à tête avec sa télé en fin de journée (et même en milieu, aussi).
    Jez, également. Adolescent à qui tout réussi, en début de roman, mais qui s'avère bien différent de l'image qu'il donne.
    Enfin, il y a les détails récurrents qui ponctuent le récit. La couleur orange, d'abord : celle du ciel le soir sur Londres, celle de la couleur des vêtements d'Hellen.
    Mais l'élément le plus fort reste la Tamise. Sonia habite aux Berges, sur les rives du fleuve. Celui-ci est omniprésent par son odeur, ses marées. Il fut le théâtre des jeux d'enfants de Sonia et Seb, puis l'acteur du fameux drame.
    Le radeau construit par les enfants porte le nom du fleuve : Tamasa, le fleuve noir. Et Sonia ne veut pas le quitter.
    Vous l'aurez compris, un roman riche et foisonnant où l'on ne s'ennuie pas une minute.
    L'image que je retiendrai :
    Celle du fleuve qui ne rend que les semelles des chaussures, ayant mangé le cuir souple et tendre.


  • Conseillé par
    21 avril 2013

    Coeurs tendres s'abstenir

    Ames sensibles et cœurs tendres s’abstenir, « Désordres » est un thriller dérangeant  et implacable.

    Sonia, la quarantaine triomphante, vit sur les bords de la Tamise. Son mari passe le plus clair de son temps à l’étranger pour ses affaires. Leur fille a quitté la maison pour l’université. Elle est seule et désœuvrée. L’arrivée inopinée de Jez, venu chercher un disque, va réveiller ses anciens démons. Car ce superbe adolescent de 15 ans, fils d’une amie, lui rappelle Seb, son amour d’enfance. Seb pour lequel elle a osé toutes les transgressions. Mais qui est Seb et qu’est-il advenu de lui ? Sonia ne peut se résoudre à laisser Jez repartir. Elle le séquestre.

    Lentement comme les marées de la Tamise, le désordre mental s’empare d’elle pour totalement la submerger. Et Jez devient la malheureuse victime de ce drame qui trouve sa source dans le passé. Parallèlement à sa voix, il y a le récit d’Helen, la tante de Jez, qui conte étape par étape la progression de l’enquête sur la disparition du jeune homme. Helen qui noyée dans ses problèmes d’alcool et de couple, devient pour la police une coupable possible.

    Perversion, morbidité, Penny Hancock joue sur toute une gamme pour créer un univers étouffant et glauque. Les personnages féminins, livrés à leur psychose, perdent pied  pour s’enfoncer dans la folie. Le retournement final ne change rien à l’affaire. On referme « Désordres » avec soulagement.

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