Population, temps et territoires

Les multiples évolutions des espaces et des territoires, qu'elles procèdent de réformes institutionnelles ou d'autres processus, en Europe comme ailleurs, relèvent de territorialités, de temporalités et d’acteurs divers. En résultent de nombreux décalages dans les définitions des territoires et dans leurs perceptions, entre passé, présent et avenir, entre les différentes parties prenantes impliquées, entre les compétences transférées et les moyens alloués, ou encore entre le besoin de souplesse, d’adaptation et de proximité et la rigidité et la verticalité de contraintes imposées. D’où la nécessité d’abord de démarches prospectives sur le temps long, afin d’anticiper au mieux les configurations territoriales à venir, ensuite d’une protection différenciée du patrimoine matériel ou immatériel territorialisé, enfin d’une gestion stratégique des assemblages et désassemblages de la territorialité, en particulier européenne. L’anticipation couplée au long-terme permet ainsi l’émergence d’une vie sociale et patrimoniale non seulement compatible à la fois avec la modernité et avec les traditions, mais également vectrice d’engagement citoyen et de développement durable. Ces différentes pistes de réflexion sont proposées par des chercheurs juristes, politistes, géographes ou architectes urbanistes, qui montrent par l’exemple que le territoire reste un espace discuté du politique, que la temporalité constitue un registre central des processus territoriaux et que la population incarne un acteur en puissance de la territorialisation de l’action publique.