Viii

Harriet M. Castor

Editions Toucan

  • Presque un coup de cœur !

    Harriet Castor revient avec habileté sur la vie et le règne d’Henri VIII d’Angleterre. Un roi connu pour sa cruauté et ses six femmes – aux destins plus ou moins malheureux. On le suit depuis son enfance, jusqu’à sa mort. On voit combien sa vie était difficile, entre un père aussi méprisant que méfiant et un frère sûr de sa suprématie. On ne cesse de lui répéter qu’il n’est rien, qu’il ne sert à rien. Pourtant, en son fort intérieur, il est persuadé qu’il est l’élu : celui qui sauvera son peuple. Par une drôle de coïncidence – que Hal interprète bien entendu comme un signe de Dieu – son frère Arthur, le successeur désigné, meurt subitement. Il ne reste donc à Henri qu’à attendre la mort de son père afin de pouvoir monter sur le trône et régner comme bon lui semble.

    Jusque là, rien de bien original me direz-vous. Ce n’est qu’une énième biographie. Seulement, Harriet Castor aborde l’histoire sous un angle nouveau : Hal est hanté par des visions et hallucinations cauchemardesques. Ce qui le pousse à la paranoïa et qui expliquerait certaines de ses décisions incohérentes avec le reste de sa politique. C’est une hypothèse pertinente et surtout très bien développée par l’auteur. Le roman est captivant, je n’ai pas pu le lâcher. Il faut dire que la narration à la première personne du singulier y est pour beaucoup. Le lecteur suit l’histoire au travers des yeux de Hal ce qui permet de créer une certaine proximité entre lui et le lecteur.

    Ainsi, bien qu’Henri VIII ne soit pas quelqu’un de tendre – c’est le moins qu’on puisse dire – je me suis attachée à lui et je l’ai trouvé touchant. Il est présenté comme un homme vulnérable, profondément marqué par son enfance et la relation particulière qu’il avait avec son père. Plus le temps passe, plus il semble touché par la folie qui le ronge. Il devient de plus en plus méfiant et voit le mal partout.

    La plume de l’auteur est quant à elle très agréable, pleine de dynamisme et de fluidité. De plus, j’ai beaucoup apprécié l’interview de l’auteur que l’on peut trouver en fin d’ouvrage. Cela permet de faire connaissance avec Harriet Castor, d’avoir son point de vue sur le roman, des explications… et des informations sur son prochain livre – que j’ai hâte de découvrir.

    Je n’ai qu’un tout petit reproche à faire à ce livre : il n’y a pas beaucoup d’indications de temps. Les actions semblent se succéder alors qu’il se passe parfois plusieurs mois, voire années, entre les deux. Je n’étais pas perdue car je connaissais déjà un peu la vie d’Henri VIII, mais pour un néophyte je pense que cela peut être perturbant.

    Pour conclure, je n’ai qu’une chose à dire : lisez-le. Je cherchais depuis un certain temps une fiction intéressante et captivante sur la période des Tudors, je l’ai trouvée ! Le récit est prenant, la plume est agréable, le personnage attachant… que demander de plus ?