Agnès L.

Conseillé par (Libraire)
5 août 2013

Une étoile sans firmament

Il y a peu de roman que j’ai refermé le cœur gros et c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai terminé le nouveau roman de Laurent Seksik. Dans ce roman polyphonique il lève le voile sur un pan moins connu de la vie d’Albert Einstein, il nous plonge dans la folie de son deuxième fils Eduard. Atteint de schizophrénie, il est dès l’âge de 20 ans interné en hôpital psychiatrique, un univers qui va ponctuer le reste de sa vie jusqu’à en devenir sa demeure permanente. Dans un récit bien documenté, Laurent Seksik nous fait entendre à tour de rôle la souffrance d’Eduard, celle de sa mère Mileva, femme de sacrifice qui vit pour son fils nuit et jour, renonçant à tout : son travail, sa féminité, ses projets, et la voix énigmatique d’Albert Einstein, fuyant la folie de son fils dans le travail. Trois voix, trois récits, trois points de vue, c’est la force de ce roman, Laurent Seksik équilibre harmonieusement les émotions de ses personnages. C’est aussi une belle radioscopie de l’Europe des années sombres, un témoignage sur les débuts peu glorieux de la psychiatrie et surtout un regard éclairé sur les contradictions d’un si grand homme : Albert Einstein.

Conseillé par (Libraire)
5 août 2013

A l'ombre du père

Dans le milieu des années 90, l’heure est à la spéculation, les affaires dans les milieux financiers sont florissantes, et l’homme le plus "brillant", celui que tout le monde courtise, flatte et espère n’est autre que Sam Green, le stratège de la finance. Grandir dans son ombre n’a pas toujours été chose facile mais être le fils du roi offre bien plus encore : une vie de luxe sans efforts : vêtements sur mesure, appartements somptueux sur Park Avenue, palaces de rêves…
Mais un beau jour, tout s’effondre, le brillant Sam Green avoue n’être qu’un escroc, la fragile pyramide s'écroule, entraînant dans sa chute nombre de victimes en premier lieu son fils. Accusé de complicité, il perd tout : fortune, amis, privilèges. Il se retrouve seul, isolé, honni de tous. Et c’est dans le silence de son appartement de Park Avenue qu’il s’interroge sur sa vie, sur ses choix, sur son manque de clairvoyance. Est-il lui aussi une victime de ce père affabulateur ou complice ? Complice par lâcheté, complice pour avoir bien profiter du système Green. Dans ce long monologue il se pose surtout cette question : a-t-il été spectateur ou acteur de sa vie ?
État d’âme d’un fils d’escroc, apitoiement sur lui-même, ce roman est bien plus qu’un simple récit sur la chute d’un homme. Inspirée de l’affaire Madoff, c’est une analyse fine, bien documentée sur le milieu des affaires, aveuglé par sa course aux profits, jusqu’à en oublier toute forme de raison, broyant les hommes sans état d’âme. Mais c’est aussi un bon roman psychologique sur la filiation : est-on vraiment libre de nos choix quand on est le fils de ? A vous de le découvrir...

Gilles Leroy

Mercure de France

Conseillé par (Libraire)
26 mai 2013

Une Diva si fragile

Dans une villa plongée dans l’obscurité, une voie âpre et fatiguée chuchote et se livre. Celle de Nina Simone, grande diva du Jazz adulée dans le monde entier mais si seule, fragile et meurtrie. Une voie qui ne demandait qu’à vivre une vie digne et joyeuse. Le chemin fut long pour devenir Nina Simone, un succès au goût amer où les blessures de l’enfance ne s’effaceront jamais : celle d’une jeune fille Eunice Kathleen Waymon, prodige du piano, mais née pauvre et noire dans une Amérique ségrégationniste, refusée au concourt d’entrée du célèbre Institut Curtis de musique de Philadelphie, porte d’entrée pour tout pianiste. Rêvant de musique classique, elle devra sa célébrité au Jazz.
L’amertume restera toute au long de sa vie, elle jalonnera une vie couronnée de succès, de dur labeur, alimentera les angoisses, les déceptions, la folie sous-jacente. Plus qu’une Diva, Nina Simone, grande figure du mouvement des Droits civiques est une femme complexe, que Gilles Leroy dans un récit personnel, émouvant mais lucide nous invite à découvrir. Incontournable

21,50
Conseillé par (Libraire)
26 mai 2013

Comment parler d'amour tout en parlant d'histoire. Exercice pleinement réussi pour Betia de Robien. Dans ce récit drôle et émouvant, Beta de Robien nous plonge dans sa jeunesse, celle de la Pologne communiste des années 60, où il n'est pas bon d'être atypique. Sans pathos elle nous dresse le portrait de Bashia, ainsi que celui de sa famille, des originaux que le cadre communiste si restrictif, étouffe au quotidien. Comment rêve t-on dans un pays où on ne possède même pas sa propre chambre, où on passe tout son temps libre à faire la queue pour un morceau de pain, où on vend ses petites cuillères pour un bout de tissu. Malgré toutes ces restrictions et les privations, c'est une famille unie et soudée dans l'adversité. Mais l'amour viendra tout bouleverser, il soufflera l'équilibre fragile qui unissait Bashia au reste de sa famille. Pour lui, elle bravera tous les interdits, s'exposant aux dangers. La liberté a un prix, et Bashia en fera l'amère expérience. Plus qu'une chronique familiale, ce récit riche en rebondissement est un regard sensible sur la société polonaise communiste, une critique juste et sévère d'un régime arbitraire et totalitaire.

Grand Prix de littérature policière 2013

Denoël

17,00
Conseillé par (Libraire)
26 mai 2013

Grandir dans l'ombre d'un frère brillant n'a pas été chose facile pour Théo mais quand il apprend que sa femme Lil, dont il était très amoureux et fier, a succombé aux charmes de Max, Théo ne résiste pas à la haine qui s'empare de lui. Condamné à quatre ans de prison, il en ressort après dix neuf mois, endurcit mais tout aussi brutal. Après une visite inopinée à Max, qu'il terrorise une dernière fois juste par sadisme, il sillonne au hasard les routes de France. Et c'est lors d'une de ses errances qu’il pose ses bagages dans une auberge sans charme dans une région isolée. Là il s'y repose, y savoure sa liberté. Un matin, au détour d'une promenade en forêt il tombe sur une vieille maison. Invité à s'y rafraîchir par un vieil homme, il s'y réveille le lendemain au fond d'une cave enchaîné comme une bête. Kidnappé par deux vieux fous, deux vieux sadiques qui veulent faire de lui leur nouvelle bête de somme , 'leur chien'. Malgré sa dureté, sa brutalité Théo, privé de sa dignité, enchaîné, maltraité, privé de nourriture en cas de défection, ne résistera pas longtemps à ses tortionnaires. Il acceptera toutes ses souffrances et les humiliations pour survivre le plus possible. Huis clos époustouflant, terrifiant, Sandrine Colette nous livre ici un magnifique premier roman.