10 minutes et 38 secondes, c'est le temps maximal enregistré d'activité cérébrale après que le cœur ait cessé de battre.
Ce temps de "battement" va permettre à l'excellente autrice Elif Shafak de nous raconter la vie de Tequila Leila, une jeune prostituée stambouliote, retrouvée assassinée.
Nous allons vivre ses dernières 10 minutes avec elle, et elle va nous raconter les souvenirs qui lui viennent à l'esprit, soit par les odeurs, ou par le gout… Avec les sens qui s'éteignent au fur et à mesure.
Nous apprenons ainsi que Tequila Leila a eu une vie compliquée dans la province Turque, qu'elle a préféré fuir pour cesser de subir un mariage forcé. Mais la capitale n'est pas meilleur refuge, et elle tombe dans la prostitution... Heureusement, elle y rencontre cinq personnes qui lui voueront une amitié loyale et inconditionnelle!
Si d'après cette description, ce texte vous parait sombre, c'est normal! Nous vous laissons tout le loisir de découvrir la vie de Tequila Leila, une rebelle au cœur tendre, ainsi que l'avenir de ses amis qui sont tous terriblement attachants.
Ce sont surtout l'espoir, l'humanité et l'amitié les grandes révélations de ce roman subtil et lumineux.
Il s'agit également, comme Elif Shafak sait si bien le faire, d'une belle radiographie de la société Turque, dela province à Istanbul.
Un roman magnétique, une voix que l'on n'oublie pas
Dans ce roman, nous suivons Lastotchka, une petite Moldave orpheline qui nous raconte ses déboires.
Lastotchka, qui signifie "hirondelle" en russe, vit dans un orphelinat à Chisinau, lorsqu'elle est adoptée par Tamara Pavlovna. Nous comprenons vite que cette "mère" adoptive est assez trouble et que les raisons de cette adoption relèvent plus d'une nécessité pratique que sentimentale.
Elles vivent toutes les deux dans un immeuble populaire, avec des personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres, et ils forment ensemble une famille un peu bancale mais qui tient debout malgré tout.
Lastotchka nous livre une vision très cruelle de son monde et de la vie, mais avec une poésie incroyable et parfois des sursauts de candeur, là où on n'en attendait plus. Et même si le roman prend place dans une région du monde précise, dans une époque trouble, les questions que posent ce roman sont universelles.
Les chapitres sont courts, le texte est rythmé. La langue est belle et cruelle, mais surtout, dès la première ligne, nous sommes conquis par Lastotchka, un personnage qui nous colle à la peau.
Une autrice à suivre!
Nous connaissions déjà C.E Morgan pour "Le sport des rois", qui a reçu un très bel accueil critique chez les libraires.
Ici, nous la retrouvons avec "Tous les vivants", son premier roman, deuxième traduit en français.
Nous nous retrouvons sur les terres assoiffées du Kentucky, pour rencontrer Aloma et Orren, qui vivent une passion incandescente.
Tout bascule lorsqu'Orren perd sa mère et son frère dans un accident de voiture. Il hérite, seul, de l'exploitation et des demeures familiales. Aloma accepte de s'installer avec lui mais, alors qu'elle pensait vivre une relation uniquement charnelle, elle va se confronter à des devoirs plus grands, et, surtout, aux souvenirs qui hantent Orren.
C.E Morgan nous livre un magnifique roman sur l'héritage et la filiation. Sur la nature, également, avec un paysage écrasant, des montagnes qui n'en finissent plus de juger Aloma. Nous attendons avec impatience la pluie qui tarde à tomber, étouffés par cette sécheresse qui menace de tout décimer...
L'écriture est sublime et sensorielle, ce roman est la confirmation que C.E Morgan est une voix à suivre!
Un labyrinthe dans lequel nous sommes ravis de nous perdre!
Dans ce roman, nous embarquons pour une ville à l'Est de l'Europe.
Nous ne connaissons pas précisément son nom, mais si nous ne pouvons la nommer, nous en apprenons très vite la légende… Enfin, une de ses nombreuses légendes urbaines: en 1920, un groupe d'avant garde Russe se faisant appeler "Les chevaliers de Diamants" auraient monté un spectacle "La mort de Pétrone", spectacle durant lequel le public a été mystérieusement frappé de folie.
Un jeune homme, Christophorov, va s'y intéresser. Il décide alors d'interroger plusieurs personnes pour tenter de comprendre la raison d'un tel trouble lors de la représentation, et éclaircir le mystère qui entoure ce groupe d'artistes; leur passé et leur devenir.
Chaque personnage semble très enclin à aider... Mais surtout à mentir!
La ville est entièrement vouée au tourisme, elle semble être une sorte de ville Potemkine, et des événements étranges n'ont de cesse de se répéter...
En ouvrant Autochtones, vous ouvrez un roman loufoque et érudit, avec un pointe d'humour et une petite dose de fantastique. Mais attention, pour l'apprécier pleinement, il faut savoir "lâcher prise" et se laisser (mal)mener par l'autrice!
Une lecture qui ne nous quitte plus.
Il y a des livres, comme ça, qui nous bouleversent et qui nous habitent. "Le corps d'après" est un de ceux là.
Difficile d'ailleurs de croire qu'il s'agit là d'un premier roman!
Nous dégustons la plume affirmée de l'autrice et cette écriture sublime qui sert parfaitement ce roman. Il parle de toutes les femmes et s'adresse à toutes les femmes. C'est un livre sur le désir, sur la maternité, mais surtout sur les injonctions faites au corps féminin par la société.
Un livre féministe porté par un souffle incroyable ! Une révélation.