1962, deux géants des échecs s'affrontent lors d'un tournoi. Ailleurs, d'autres batailles se jouent. Le monde ne serait-il qu'un vaste échiquier, où chaque pion pense pouvoir atteindre l'autre bord et se métamorphoser ?

"Cher connard" : le titre est provoquant, troublant, piquant... mais il est loin d'être gratuit tant il saisit parfaitement l'ambivalence du roman. Construit comme un échange d'e-mails ponctué de billets extraits d'un blog féministe, le nouveau Despentes met en scène deux personnages que tout oppose. Le premier est un homme médiocre, qui a connu un certain succès avec ses romans, et qui est aujourd'hui accusé d'harcèlement par son ancienne attachée de presse alors qu'elle débutait sa carrière. La deuxième est une star du cinéma, convaincue de sa toute-puissance et atterrée qu'on ne lui propose plus que des rôles de mère en raison de son âge.
Tout les oppose, donc ? Ce n'est pas si sûr, et après l'échange de boulets de canon suivra un début de correspondance régulier, qui leur fera prendre conscience d'un point commun : une addiction pour leur double supposément amélioré par l'alcool ou la drogue. L'amitié pourrait-elle sauver un "connard"... ?
Féminisme, réseaux sociaux, patriarcat, médias, monde littéraire, consommation, famille, substances légales et illicites : impossible d'énumérer toutes les thématiques abordées via cette correspondance éminemment moderne, qui jette un coup de projecteur sans concession sur les maux du monde 2.0.

Et si on changeait d'angle ? On ne compte plus le nombre d’œuvres qui reprennent ou s'inspirent du personnage créé par Arthur Conan Doyle, le fameux Sherlock Holmes. Mais dans cette série de manga, c'est un autre génie qui a intéressé le scénariste et le dessinateur, à savoir l'ennemi "ultime" du détective : Moriarty. Au fur et à mesure des tomes, nous découvrons son enfance, ses rêves d'idéaux, ses talents de "consultant du crime", la part sombre grandissante qui rivalise avec son envie d'aider les personnes en détresse... Déjà 13 volumes à découvrir, et la série est toujours en cours : de quoi réjouir les plus de 16 ans aussi bien que les adultes !

Un matin, la narratrice découvre sur son répondeur un message qui va changer le regard qu'elle porte sur elle-même : on lui propose de venir témoigner à la radio du racisme dont elle est victime. Léger détail, elle ne se sent pas noire, n'a jamais été confrontée à des remarques désobligeantes ou à une quelconque discrimination. Pourtant, en cherchant bien, elle doit admettre que ses origines haïtiennes pourraient la placer dans le camp des "non-totalement-blanc.he.s"...
"Les idées noires" est un roman cocasse et malin, l'occasion de penser l'identité et la différence sous un autre angle. Et quand notre narratrice enregistre pour une émission toute autre que celle à laquelle elle pensait s'être rendue, l'imbroglio n'en est que plus délicieux !

Peut-on se construire dans l'absence du père, dans le vide qu'il laisse et qu'on ne réalise même pas tant son existence passée est tue ? Alors qu'une dame l'interpelle sur un salon, ayant "bien connu votre père", l'autrice voit son équilibre vaciller. Par petites touches, elle tente alors de recomposer les liens et les parcours de vie de sa famille, et brosse un portrait saisissant de sa propre détresse alors qu'elle était jeune adulte. Un roman à fleur de peau, qu'on lit avec beaucoup d'émotion.