Amour et tentations
EAN13
9782352882473
ISBN
978-2-35288-247-3
Éditeur
City Edition
Date de publication
Collection
CITY EDITIONS
Nombre de pages
576
Poids
290 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
850
Fiches UNIMARC
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Amour et tentations

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City Edition

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1

Rich et Tash

C'était si facile. Tomber amoureux avait été, en fin de compte, si facile.

Pourtant, Rich avait longtemps cru ne pas être doué pour aimer. S'envoyer en l'air, oui, sans problème, mais aimer ? « Tomber amoureux », c'était bon pour les héros de cinéma ou les faibles d'esprit. À croire qu'il était né dépourvu du gène indispensable pour mener une relation amoureuse saine et réciproque car, à ses yeux, vouloir à tout prix tout partager - depuis le tiroir à chaussettes jusqu'à sa vie tout entière - était parfaitement inimaginable.

D'accord, ses parents étaient encore ensemble, mais ils donnaient davantage l'impression de vivre côte à côte, de se tolérer avec lassitude, que d'évoluer sur un petit nuage de félicité éternelle. Sa mère se faisait du souci pour les hystérectomies de ses voisines et son père pour son handicap au golf. Rich n'était pas certain qu'ils aient jamais été jeunes et amoureux. Leur couple n'était pas exactement un modèle pour lui.

Quand ses potes lui annonçaient avoir trouvé la fille qu'ils voulaient épouser, il considérait leur décision comme motivée en grande partie par des raisons pratiques : à l'évidence, certains hommes aimaient l'idée d'avoir de la compagnie, du linge toujours propre ou la sécurité d'un ménage à double revenu. Non que Rich ait un côté inhumain, bien au contraire. Il avait toujours voulu croire qu'il y avait quelque chose de chimique... non, de magique dans ce moment où l'on décidait de passer le restant de ses jours avec une autre personne. Il avait toujours voulu croire que son âme sœur l'attendait, quelque part. Mais il s'était donné des dizaines d'occasions et trente-trois ans pour « tomber amoureux » - ça n'avait jamais marché.

Jusqu'à Tash.

Ils avaient raison. Tous ces gens qui disaient des trucs comme « on le sait dès le premier regard », tous ces types bafouillant d'émotion pendant leur discours de mariage, tentant de mettre des mots sur leur passion et sur leur volonté de se soumettre à une force plus impérieuse que leur raison... Ils avaient raison. Lorsqu'on tombait amoureux, tout devenait évident, lumineux, simple. Et, en même temps, Rich n'avait jamais rien vécu de plus mystérieux, de plus original, de plus singulier. Le paradoxe était irrésistible.

Il l'aimait, elle l'aimait. Deux amoureux. Rich se demanda combien de personnes... disons, à Londres... non, plus grand que ça... en Angleterre, déclaraient à cet instant précis leur amour à une autre personne. Et combien, parmi elles, le pensaient avec la même intensité que lui.

Car il le pensait vraiment. Tout le temps. Pas seulement quand ils faisaient l'amour. Il aimait la voir sourire ; elle souriait souvent, un grand sourire généreux. Ses lèvres étaient pulpeuses - idéales pour une fellation, ce qui n'était pas rien, mais il les admirait aussi parce qu'elles évoquaient quelque chose de joyeux. Il aimait son rire : grave et rauque, comme celui d'une fumeuse - mais Tash ne fumait pas. Il aimait ses idées, la facilité et la franchise avec lesquelles elle en parlait, insistant toujours sur leur caractère personnel. Auparavant, il détestait ces gens qui, au cours d'une conversation très sérieuse sur les raisons pour lesquelles les troupes américaines et anglaises devaient être envoyées dans telle ou telle contrée lointaine, lâchaient une phrase comme : « Eh bien, pour moi c'est une erreur, ne serait-ce que parce que mon voisin est militaire et risque d'y laisser sa peau. » Ce genre d'argument heurtait son intelligence. Mais à présent, il comprenait que tout avait une incidence sur le plan personnel ; quel que soit le sujet abordé, on en revenait toujours aux gens que l'on aimait. Tash avait raison. Comme elle avait raison d'acheter du café Max Havelaar ou des produits de beauté Body Shop. Tous ces trucs de filles lui plaisaient.

Il aimait son corps. Il aimait l'odeur de ses cheveux. Il était fasciné par ce qui la mettait en colère, excité par ce qui la ravissait. Il aimait la courbe fragile de son cou, et comme elle frissonnait quand il l'embrassait là. Il aimait le goût de son sexe.

Tash finit de se laver les dents. Elle reposa sa brosse dans son verre et sourit à son reflet dans le miroir. C'était sa brosse à dents, dans un verre, dans l'appartement de Rich. Ils se voyaient tout juste depuis deux mois, elle avait sa brosse à dents chez lui, et ça faisait du bien. Contrairement à Rich, Tash ne s'était jamais demandée si elle trouverait le grand amour. Elle s'y était attendue. Ses parents formaient un couple heureux depuis quarante ans. Aujourd'hui encore, il lui arrivait d'entrer dans leur cuisine et de les surprendre en train de s'embrasser - pas des fougueux baisers de cinéma, non, ils pourraient faire des dégâts -, mais des petits bécots affectueux. Son frère et sa compagne - parents de deux garçons costauds, drôles et turbulents - menaient une vie où les fous rires alternaient avec les disputes dans des proportions que Tash considéraient comme acceptables. Pour elle, l'amour n'avait jamais été un secret. C'était quelque chose de simple, de naturel. Il était partout. Elle avait eu de nombreuses histoires - longues, courtes, voire pour ainsi dire d'une fraction de seconde -, mais larguer son partenaire ou être larguée par lui avait toujours été relativement indolore. La période des pleurs n'avait jamais excédé une semaine.

Rares étaient les amis suffisamment intimes pour que Tash leur ouvre son âme et son cœur, beaucoup plus nombreux ceux avec qui elle était juste heureuse d'aller boire un verre de temps en temps. C'était une fille sportive dont le physique respirait la santé - et laissait les hommes pantelants.

Elle aimait peindre (les gens qui ont un hobby sont plus heureux). Elle avait un chien (les gens avec un animal domestique vivent plus longtemps). Elle croyait à la justice naturelle ; elle pensait qu'il y a toujours une part de vérité dans les horoscopes ; elle espérait que les gens de toutes religions arriveraient un jour à vivre en paix les uns avec les autres ; et elle était convaincue que le Dieu auquel elle croyait ouvrirait les portes de son Paradis aux bébés non baptisés ainsi qu'aux non-croyants les plus méritants. Elle pensait qu'il y a peut-être quelque chose de vrai dans la réincarnation ; elle ne s'était jamais fait tirer le tarot, mais ne se moquait pas de ceux qui y croyaient ; elle faisait chaque mois un don, par virement automatique, à la NSPCC[1] ; elle se fichait que les gens tiennent correctement ou non leur fourchette et leur couteau ; elle réutilisait les bouteilles de bière achetées chez Sainsbury's ; elle était végétarienne, mais portait des chaussures en cuir. Elle s'était toujours attendue à trouver le grand amour.

Simplement, elle n'avait jamais imaginé que ce serait aussi merveilleux.

Qu'elle se sentirait à la fois aussi excitée et si épanouie, aussi heureuse et aussi terrifiée, aussi stupéfaite et aussi stupéfiante.

La nuit s'annonçait encore presque désagréablement chaude, aussi retira-t-elle les draps avant de s'allonger sur le lit à côté de Rich.

Elle commença à passer les mains sur le torse de Rich puis, sans scrupule, un peu plus bas, vers son entrejambe.

Elle ne fut pas surprise de voir son pénis à moitié en érection : depuis leur rencontre, ils vivaient tous les deux dans un état d'excitation sexuelle presque permanente. Rich caressa son corps svelte, savourant une fois encore la fermeté de son cul et de ses petits seins. Il savait déjà qu'il voulait épouser cette fille. Il voulait que cette femme si belle et si sexy soit à jamais sienne, il le voulait tellement que c'en était parfois douloureux. Incroyable ! Richard Tyler, maître ès libertinage, était si amoureux qu'il en avait mal...

Bien sûr, par le passé, il lui était déjà arrivé de déclarer à des femmes qu'il les aimait - au moment opportun.

Ils s'embrassaient en gardant les yeux ouverts. Au début, c'était étrange de croiser son regard bleu saphir au beau milieu d'un baiser, mais il y avait pris goût. Tash lui avait expliqué qu'elle trouvait ça plus honnête. Elle avait embrassé tellement d'hommes qu'elle aurait voulu repousser... lui, elle avait envie de le boire tout entier, jusqu'au dernier centilitre....
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