Zô
EAN13
9782374912615
Éditeur
Quidam
Date de publication
Collection
Made in Europe
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Quidam

Made in Europe

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L'écriture de ce roman est un hommage à Giono, car il est écrit dans le
territoire même de ses œuvres. L'auteure séjourne chaque été au pied de la
montagne de Lure et raconte à sa manière, dans les pas du maître, sa rencontre
avec le paysage — si marqué par toute l'activité littéraire de Giono qu'il en
est indissociable. La maturité du roman a donc demandé un long temps
d'écriture, Maïca Sanconie devant se libérer de cette figure tutélaire pour
oser en donner une autre interprétation. La présence de ce paysage se veut
charnelle. Elle nourrit l'œuvre de Virgile, un sculpteur, sa relation au
monde, et elle constitue aussi la seule présence stable dans le mental de la
jeune traductrice, Laura, son centre, son nid. Toute la tension consiste en
cette séparation du lieu – et du corps des origines - du désir de
réconciliation avec ce soi antérieur, original. La thématique de la filiation
est l'axe du roman. L'emboîtement des récits et des voyages participe de la
recherche d'une frontière, évoquée dans son précédent roman, Le Bord du ciel:
un jaillissement du trait contre l'ensevelissement, des fusions éphémères, de
profonds et subtils changements qui permettent d'aller au-delà d'une réalité
attendue. L'intrigue Divisé en six parties, le roman est composé de deux
récits parallèles, sur environ une année, l'un de Virgile, sculpteur réputé
récemment installé à C., village de Haute-Provence, et l'autre de Laura,
traductrice littéraire vivant provisoirement à Portland (Oregon), puis à
Tokyo. Virgile a une cinquantaine d'années, Laura à peine trente. Tous deux
s'expriment à la première personne. Les deux personnages ne se connaissent
pas, mais Laura est née dans le village où Virgile s'est installé. Virgile est
originaire de Salles-sur Verdon, qui a été noyé pour la mise en eau du lac de
Sainte-Croix, dans le Haut-Var, dans les années 1970. Il en est parti peu
avant que le village soit abandonné, laissant son amoureuse de l'époque,
Lucienne, sans jamais lui donner de nouvelles par la suite. Laura ne sait pas
qui est son père biologique, et ne le découvrira qu'à la fin du roman. Elle a
été élevée par sa mère et son beau-père. Sa mère est, comme Virgile,
originaire des Salles. Laura est mariée à un danseur de ballet, G., qui est
italien. Les deux récits se suivent, s'entrecroisent, mais ne se mêlent que
vers la fin, pour se séparer ensuite. Durant la plus grande partie du roman,
on ignore tout des liens qui unissent les deux personnages. Le seul point
commun qui apparaît est le paysage de la montagne de Lure et de la vallée du
Verdon. Virgile est célibataire. Traumatisé et obsédé par la disparition de
son village natal, il a choisi d'habituer un lieu longtemps affecté par le
manque d'eau. Il tente de dresser une sorte de carte de toutes les sources,
ruisseaux, fontaines de son environnement, afin de s'assurer qu'elle ne
constitue pas de menaces. La thématique de l'eau est pour lui omniprésente,
d'autant que la région porte encore les traces de la mer qui l'occupait
jusqu'à l'ère tertiaire. Il est entièrement tourné vers sa création et
l'observation du paysage. Seule l'apparition régulière d'une femme qui passe
sur le chemin devant sa maison lui tient lieu de fantasme amoureux. Durant
l'hiver, il quitte le village pour présenter plusieurs expositions de son
travail aux Etats-Unis (Seattle, Vancouver, Los Angeles) puis à Tokyo – autant
de lieux qu'il ne connaît pas. Le lecteur le suit dans chacune de ses
expositions, sa relation à la création, au monde de l'art, aux villes qu'il
découvre. A Los Angeles, il a une brève liaison intense avec Abilene,
l'assistante de la galerie qui l'expose, quelques jours avant son départ pour
le Japon. A Tokyo, il arrive donc désemparé, et s'entretient avec le
commissaire de l'exposition sur la scénographie choisie pour ses œuvres,
exposées au musée Nezu. Ses œuvres témoignent d'une démarche singulière dans
son travail : ce sont des sculptures animalières, représentant des éléphants
sous des aspects très déformés. Les éléphants sont une métaphore de la perte
et de la trace qui en témoigne. En outre, Virgile s'est inspiré d'un site
mystérieux, probablement englouti, dans l'océan Pacifique au large d'une
presqu'île japonaise, la structure sous-marine de Yonaguni. Il devient
sensible à la notion de vide propre à la culture japonaise. Le musée se trouve
derrière la villa où habitent Laura et son mari. L'exposition s'intitule «Zô»,
qui signifie éléphant en japonais. En découvrant l'exposition, Laura se rendra
compte que Virgile est probablement l'homme dont sa mère était amoureuse
durant sa jeunesse, et qui l'a quittée sans savoir qu'elle était enceinte.
Elle le confrontera lors d'une soirée à l'ambassade de France, et Virgile
restera bouleversé par la révélation de sa paternité. Il proposera à Laura de
la rencontrer le lendemain, mais elle ne viendra pas au rendez-vous. De retour
dans son village, Virgile rend visite à la mère de Laura pour tenter d'assumer
ses responsabilités — demande aimablement rejetée. Il a aussi rompu avec
Abilene, dont il pense pourtant être amoureux. En fait, il crée une sculpture
la représentant, et l'on comprend qu'elle n'était qu'un fantasme charnel, une
illusion pour cet égocentrique obsédé par sa création. Parallèlement, le
lecteur partage la vie de Laura, qui a suivi son mari engagé dans une troupe
de ballet à Portland. Si elle est heureuse avec lui, elle sombre peu à peu
dans une nostalgie de son pays natal, augmentée par la perte de ses repères.
Elle ne parvient pas à s'intégrer à la ville, à la civilisation qu'elle
connaît pourtant bien. Elle donne des cours à l'université mais s'y sent
étrangère, entretient peu de relations avec ses collègues. Son occupation
principale est de traduire des livres. La littérature est pour elle un lieu de
réflexion sur sa relation au monde, et elle s'interroge sur les conséquences
des différents choix de traduction sur cette relation. Elle habite avec G. un
rez-de-jardin confortable dans une maison occupée par des propriétaires qui ne
sont pas hospitaliers. Laura appelle leur appartement "la soute".
Paradoxalement, elle se heurte à une difficulté de plus en plus grande à
parler l'anglais, difficulté qui devient une métaphore des secrets qui
l'habitent : elle ignore qui est son père, et a avorté durant sa jeunesse. A
Portland, Laura symbolise son exil par les éléphants du zoo, arrachés comme
elle à leur élément naturel, prisonniers dans un paysage inconnu. Elle se
refuse à visiter le zoo mais les éléphants sont très populaires dans la ville
et y sont représentés sous toutes les formes. Ils apparaissent aussi, en écho,
dans l'imaginaire de Virgile – chez lui, comme des témoignages d'une force
primitive. Au début de l'hiver, Laura et G. quittent Portland pour Tokyo, où
la troupe de G. a un nouveau contrat avec un théâtre. Ils habitent encore une
fois un rez-de-jardin, presqu'un sous-sol, dans une luxueuse villa donnant sur
le parc du musée Nezu. Là, Laura se retrouve très seule. Son travail de
traductrice est solitaire, elle n'a pas de contact professionnel. Elle se
promène dans la ville, écoute cette nouvelle langue, s'interroge sur la
matière même de l'écriture et de la traduction. Elle finit par s'acheter un
cahier où elle écrit à l'encre de Chine. Le cahier devient un récit dans le
récit. Son sentiment d'exil est exacerbé. La perte de repères ressentie à
Portland devient intense, elle butte sur une extraordinaire difficulté à dire,
à prononcer des mots simples. Un jour où elle se promène dans le parc voisin,
elle visite le musée, et visionne la vidéo qui passe en boucle dans une salle.
Virgile y apparaît, et aussi des photos du village des Salles avant la mise en
eau du barrage. Saisie par la coïncidence et la ressemblance de son propre
visage avec celui de Virgile (tous deux ont les yeux gris), elle téléphone à
sa mère, qui avoue connaître Virgile mais n'en dit pas plus. Naturellement,
Laura comprend qu'il s'agit de son père biologique. Elle le confronte lors
d'une soirée à l'Ambassade. Virgile est stupéfait de découvrir qu'il a une
enfant. Après leur rendez-vous manqué, Laura déménage dans une autre maison
avec d'autres danseurs de la troupe de G. Elle s'...
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