- EAN13
- 9782246839781
- Éditeur
- Grasset
- Date de publication
- 04/09/2024
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Papier - Grasset 21,50
Que devient l’œuvre d’un écrivain lorsqu’il est traduit, surtout s’il
s’appelle Franz Kafka ? Au milieu des années 1920, dix écrivains font éclore
ses œuvres hors de la langue et du lieu où il les avait conçues, et les
sauvent de l’oubli auquel les autorités soviétiques et nazies les avaient
condamnées. Pendant plusieurs décennies, Kafka n’existera principalement qu’en
traductions, via d’autres voix que la sienne. Un comble pour cet écrivain
devenu aphone avant de mourir de la tuberculose en 1924.
Les premiers traducteurs de Kafka ne le deviennent pas par hasard, mais par
nécessité ou amour. Paul Celan et Primo Levi le traduisent à leur retour des
camps, respectivement en roumain et en italien. Bruno Schulz le traduit en
polonais, avant d’être abattu en pleine rue par un SS ; Milena Jesenská très
amoureusement en tchèque avant d’être déportée et Jorge Luis Borges en
espagnol avant de perdre la vue. Ses traducteurs russes, contraints à la
clandestinité, demeureront anonymes. Son traducteur français, Alexandre
Vialatte, décèle en lui une nouvelle forme d’hilarité. Quant au poète Maleykh
Ravitsch, il le traduit en yiddish après la guerre pour un lectorat qui a
quasiment disparu.
Tous ses traducteurs propulsent l’œuvre de Kafka sur la scène du monde en y
projetant quelque chose d’eux-mêmes. Chacun peut, à sa façon, s’écrier : «
Josef K, c’est moi. »
Dans cet essai érudit mais vivant, Maïa Hruska tire le fil des échevaux
littéraires et politiques du vingtième siècle : analysant la manière dont
Kafka est devenu Kafka, elle éclaire subtilement l’Europe d’aujourd’hui à la
lumière de celle d’hier.
s’appelle Franz Kafka ? Au milieu des années 1920, dix écrivains font éclore
ses œuvres hors de la langue et du lieu où il les avait conçues, et les
sauvent de l’oubli auquel les autorités soviétiques et nazies les avaient
condamnées. Pendant plusieurs décennies, Kafka n’existera principalement qu’en
traductions, via d’autres voix que la sienne. Un comble pour cet écrivain
devenu aphone avant de mourir de la tuberculose en 1924.
Les premiers traducteurs de Kafka ne le deviennent pas par hasard, mais par
nécessité ou amour. Paul Celan et Primo Levi le traduisent à leur retour des
camps, respectivement en roumain et en italien. Bruno Schulz le traduit en
polonais, avant d’être abattu en pleine rue par un SS ; Milena Jesenská très
amoureusement en tchèque avant d’être déportée et Jorge Luis Borges en
espagnol avant de perdre la vue. Ses traducteurs russes, contraints à la
clandestinité, demeureront anonymes. Son traducteur français, Alexandre
Vialatte, décèle en lui une nouvelle forme d’hilarité. Quant au poète Maleykh
Ravitsch, il le traduit en yiddish après la guerre pour un lectorat qui a
quasiment disparu.
Tous ses traducteurs propulsent l’œuvre de Kafka sur la scène du monde en y
projetant quelque chose d’eux-mêmes. Chacun peut, à sa façon, s’écrier : «
Josef K, c’est moi. »
Dans cet essai érudit mais vivant, Maïa Hruska tire le fil des échevaux
littéraires et politiques du vingtième siècle : analysant la manière dont
Kafka est devenu Kafka, elle éclaire subtilement l’Europe d’aujourd’hui à la
lumière de celle d’hier.
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