Ypsilon - 15 ans de création éditoriale poétique et littéraire

Isabella Checcaglini, fondatrice et éditrice d'Ypsilon.éditeur, est née en 1975 à Foligno, en Italie ; elle déménage en France en 1994 et s’installe à Paris. Des études en mathématiques et en lettres l’amènent à fréquenter l’école Estienne d’art et des métiers du livre, où elle se familiarise avec la composition au plomb et à l’impression sur presse traditionnelle. En même temps qu’elle termine sa thèse sur Mallarmé, au sujet duquel elle consacre articles et livres, elle fonde en 2007 les éditions Ypsilon.

Depuis elle s’attelle, avec un dévouement et un respect rares pour l’objet-livre, à exhumer de l’oubli de grands textes méconnus, ainsi que d’offrir pour certains d’entre eux une première traduction en français. En 15 ans, elle a su constituer un catalogue d’un éclectisme qui fait exemple, avec, en première ligne, des auteurs et autrices issu.e.s de la littérature mondiale, tel.le.s que Pier Paolo Pasolini, Ingeborg Bachman, Antonio Tabucchi, Alejandra Pizarnik ou James Baldwin. Voici un aperçu de la richesse de cette maison d'édition !

22,00

Blues en noir et blanc est le premier livre publié par May Ayim, à Berlin en 1995, et aujourd’hui traduit en français pour la première fois. L’indocilité, l’humour et l’expression poétique de May Ayim ont enchanté la poète africaine-américaine Audre Lorde (amie et compagne de lutte) et l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé ainsi que des foules de jeunes gens. Son écriture évoque les marges de la société, les sentiments et les fragilités de l’individu mais aussi les combats personnels et collectifs d’autrefois comme d’aujourd’hui. Pour la première fois dans la littérature allemande, une poète aborde les impensés coloniaux, racistes et consuméristes. Sa critique s’arme d’ironie face au train-train du monde comme il va, avec un humour qui nourrit une énergie combative, loin de l’indignation stérile. Sensibles, lumineux, ses poèmes regardent le passé et le présent en face. Née à Hambourg en 1960 d’un père ghanéen et d’une mère allemande, l’écrivaine et militante May Ayim meurt violemment en 1996 à Berlin, où un quai porte aujourd’hui son nom. Encore inconnue en France, May Ayim a écrit principalement des poèmes et des essais qu’Ypsilon a l’intention de publier en plusieurs volumes, à partir du recueil de poèmes blues en noir et blanc dont nous proposons aujourd'hui une édition bilingue dans le respect de l’esprit et de la lettre de l’édition originale : en reprenant l’avant-propos de Maryse Condé, les signes-symboles Adinkra, le glossaire, ainsi que la disposition des poèmes sur la page. La singularité de ces poèmes est propice à traverser les frontières, et peut-être spécialement en France où la littérature en général, et la poésie en particulier, peuvent (et devraient) aider à faire face au passé colonial, et ses conséquences, comme au présent des migrations…


38,00

Un rêve : réaliser l’édition définitive du Coup de Dés telle qu’elle devait paraître chez Ambroise Vollard. Ce qui signifie respecter, à partir des jeux d’épreuves existant, les caractéristiques du volume : la disposition typographique, le format, le caractère, les illustrations. Ce qu’aucune édition jusqu’ici n’a respecté. Une évidence : le Coup de Dés devait être accompagné de lithographies d’Odilon Redon, elles sont reproduites ici pour la première fois.
Cette deuxième édition du Coup de Dés est accompagnée d’un « prière d’insérer », un grand feuillet imprimé recto-verso même format et même papier que celui du livre, où l’on peut lire — pour mieux comprendre la différence et l’importance de cette édition par rapport à celle de chez Gallimard — « Une brève histoire de l’édition Vollard du Dé ».


Sandro Penna

Ypsilon

20,00

Un peu de fièvre (Un po' di febbre publié chez Garzanti à Milan en 1973) rassemble « les quelques feuilles éparses » écrites entre 1939 et 1941 et parues dans des magazines et des journaux ainsi que des textes inédits et des brefs récits spécialement choisis par l’auteur, qui voulait ainsi donner vie à son seul livre en prose. Un exploit pour le grand poète Sandro Penna, toujours subtilement indécis et savamment maladroit dans la composition de ses recueils. Ce sont des pages marquées par cette grâce et cette clarté propres à la voix de Penna, où l’on retrouve les lieux et les impressions caractéristiques de son œuvre, dans une exploration curieuse des détails et des nuances d’une réalité qui restait seulement évoquée dans les vers par des apparitions plus rapides et fugaces. Penna propose là une variation magnifique sur ses motifs les plus connus (l’amour, la mort, la peur, les jeunes gens, les villes italiennes comme Rome, Venise, sa Pérouse natale…), recréant un monde à la fois ordinaire et magique, transparent et mystérieux. La nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro restitue merveilleusement la grâce du poète italien et donne à lire ou relire cette œuvre intemporelle de la littérature mondiale.


10,00

Manifesto per un nuovo teatro paraît dans le numéro 9, janvier-mars 1968, de la fameuse revue romaine Nuovi Argomenti (revue littéraire trimestrielle dirigée par Alberto Carocci, Alberto Moravia, Pier Paolo Pasolini).
Manifeste programmatique pour un théâtre de Parole, ce texte est une déclaration extrême et extrémiste du plus excessif des écrivains italiens du XXe siècle. Une déclaration de guerre à la culture bourgeoise par la critique de la notion de culture et de bourgeoisie. Cela est possible grâce à une lutte littéraire et politique qui se passe au théâtre — un nouveau théâtre — le théâtre de la Parole. On retrouve ici un concept majeur de la pensée de Pasolini : l’action de la parole est maximale quand la parole est écrite dans la langue de la poésie. Ce manifeste est donc un texte littéraire, politique, théorique & pratique, de critique théâtrale mais surtout de critique sociale. En 43 points, Pasolini lance un défi à tous et à chacun, mais spécialement aux intellectuels (de métier ou dilettantes), un défi qui est toujours terriblement d’actualité.

« rester fidèle aux principes du théâtre de Parole, c’est-à-dire à un théâtre qui soit avant tout débat, échange d’idées, lutte littéraire et politique »


écrits français

Unica Zürn

Ypsilon

12,00

Dans ce volume, nous avons rassemblé tous les textes écrits en français – sous le titre évocateur de l’un d'eux – tels qu’ils figurent dans l’édition allemande des Œuvres complètes d’Unica Zürn. Femme surréaliste – multiple, double, car elle est artiste et muse, actrice et modèle, figure emblématique de ce mouvement artistique et littéraire qui secoua la première moitié du XXe siècle et bien au-delà – Unica Zürn est une écrivaine et dessinatrice allemande qui épousa la ville lumière et sa vie de bohème. En 1953, elle rencontre Hans Bellmer à Berlin et le suit à Paris. Vite reconnue dans le milieu artistique parisien, elle écrit et dessine encouragée et admirée par Henri Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Max Ernst. Unica Zürn n’écrira que rarement en français mais ses principaux livres, Sombre printemps et L’Homme-Jasmin, paraissent en France, grâce à son amie et traductrice Ruth Henry, en même temps qu'en Allemagne. Ses écrits français, dispersés parmi plusieurs feuillets dactylographiés et divers carnets, sont recueillis ici pour la première fois. Celle qui aimait s’exprimer en anagrammes pratique le français comme une langue étrangère et poétique, ses fautes d’orthographe et sa grammaire incertaine font sens, sont singulières, intrigantes, esquissent le flux de sa pensée et représentent le monde onirique d’une fille du feu.