Le Mois de l'histoire des Noirs à la chouette librairie

Au Québec, au Canada et aux États-Unis, on souligne au mois de février l’importance de l’histoire des Noirs. Festivals, commémorations et initiatives populaires sont autant d’occasions de lever le voile sur la richesse des cultures de communautés afro-descendantes. Mais il s’agit aussi d’un moment crucial pour s’instruire sur les oppressions dont ces mêmes communautés ont fait les frais – et encore aujourd’hui, de façon toujours trop importante.

C’est pour nous faire l’écho des commémorations du Mois de l’histoire des Noirs que nous avons regroupé les titres de ce dossier. Parce que pour s’instruire sur des enjeux aussi capitaux, rien ne vaut le temps de la lecture !

7,40

Qui a fait revenir la pluie, sauvant ainsi son peuple de la sécheresse et de la famine ? Est-ce Maria de la chapelle ou la prêtresse de Kibogo qui a dansé sur la crête de la montagne au-dessus du gouffre ?Au Rwanda, le roi Musinga qui refusait le baptême fut destitué en 1931. Les pères missionnaires entreprirent alors la conversion massive de la population à la foi chrétienne. Cela aboutit à un drôle de syncrétisme qui constituait une forme de résistance à la colonisation. Fallait-il croire aux contes que prêchent les pères blancs ou à ceux que raconte votre mère, chaque soir, à la veillée, jusqu'à ce que le foyer ne soit plus que braises rougeoyantes ?Dans ces histoires miraculeuses, où se mêlent satire et humour, chacun se fait son propre avis sur la question.


25,00

Juillet 2017. Une annonce paraît sur les réseaux sociaux : une certaine Maria d'Apparecida a été retrouvée morte chez elle à Paris. A-t-elle de la famille, des amis ? Si personne ne se manifeste, elle sera enterrée à la fosse commune. Intriguée, Mazé Torquato Chotil, journaliste brésilienne installée en France depuis plus de 30 ans, entame des recherches sans se douter qu'elle s'embarque dans une aventure qui la mènera deux ans plus tard à l'écriture d'une biographie. En effet, l'histoire n'est pas banale.
Née en 1926 à Rio, Maria d'Apparecida a vécu une véritable épopée.
Fille de domestique noire, orpheline à 8 ans, elle a réussi à franchir un à un les obstacles qui la séparaient des plus grandes scènes mondiales. Elle réalisa son rêve : chanter Carmen à l'Opéra de Paris. Muse de la scène surréaliste française, des peintres et des écrivains, ambassadrice de la musique brésilienne en France, elle enchanta le Paris de la seconde moitié du XXe siècle, autant par sa voix que par sa force de caractère. Puis quelques années suffirent pour la faire basculer dans l'oubli, jusqu'à son décès en juillet 2017.
Cet album ressuscite une femme d'exception, dont le destin n'est pas sans faire songer, sous certains aspects, à celui de Joséphine Baker, récemment panthéonisée.
Il aborde des thèmes tels que l'exil, la libération féminine, le combat d'émancipation raciale, la solitude de la vieillesse et la fragilité de la gloire.


22,00

En 1947 éclate à Madagascar une insurrection considérée comme le signe avant-coureur de la décolonisation en Afrique. Elle est très violemment réprimée, mais se poursuit jusqu’à la fin 1948. Octave Mannoni, qui vit dans le pays, écrit alors ce texte fondateur, qui constitue une critique radicale du colonialisme. Il y montre, par la voie de la psychanalyse et de la psychologie, comment les images que le colonisateur s’est fabriquées du colonisé le nient : « Le Nègre, c’est la peur que le Blanc a de lui-même. » Mannoni analyse le mécanisme de dépendance unissant le colonisé au colon par l’écran imaginaire que chacun a dressé entre lui et l’autre. La perspective anthropologique est donc aussi essentielle dans cette réflexion que les préoccupations politiques qui l’ont motivée.Cette analyse, totalement nouvelle en 1950, provoqua de vigoureuses critiques d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon, qui visèrent particulièrement le « complexe de dépendance » du colonisé. Mannoni y répondit dans des articles ou de nouvelles introductions aux rééditions successives du livre, dont cette nouvelle édition rend compte. Aucune analyse du racisme n’est neutre, il le sait. C’est donc aussi une « décolonisation de soi-même » qui s’impose, toujours à recommencer, comme il l’écrira dans un article ultérieur, donné ici à la suite du livre.
Octave Mannoni (1899-1989), psychanalyste, était aussi philosophe et ethnologue, une polyvalence qui l’a installé comme une voix originale dans le champ de la psychanalyse française.
Préface de Livio Boni, philosophe et psychanalyste, qui travaille sur l’implication de la psychanalyse dans la critique de la condition coloniale. Il a notamment publié L’Indede la psychanalyse. Le sous-continent de l’inconscient (Campagne première, 2011) et, avec Sophie Mendelsohn, La vie psychique du racisme (La Découverte, 2021).