La petite lumière

Antonio Moresco

Verdier

  • Conseillé par
    23 décembre 2021

    Amis lecteurs qui n’aimez que le bruit et la fureur, fuyez ou bien, prenez le temps de vous poser dans ces instants de grâce, de silence, de lenteur et de beauté. Amis contemplatifs, soyez les bienvenus dans ce texte superbe qui voyage entre réalité et onirisme, qui nous fait parcourir les sentiers, les hameaux vidés de toute présence humaine, qui nous fait dialoguer avec les hirondelles et les voir virevolter devant nous tant les description d'Antonio Moresco sont belles, fines et réalistes.

    Ah la la que c'est beau : "je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. Le soleil vient tout juste de s'effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s'enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant de temps en temps, j'ai le souffle coupé, comme si je chutais assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l'univers." (p.9) C'est ainsi que débute ce roman et il est intéressant de relire ces quelques phrases après l'avoir fini, car elles prennent un sens différent, plus symbolique.

    Je découvre Antonio Moresco avec ce titre écrit entre deux romans pus conséquents -c'est lui-même qui l'écrit à son éditeur- et je tombe immédiatement sous le charme de l'écriture fine, élégante qui décrit admirablement la nature, l'environnement, le temps passé à contempler. Il va à l'encontre du monde actuel, toujours plus rapide, plus éphémère, où une information à peine révélée est supplantée par une autre parfois aussi insignifiante. Antonio Moresco prend son temps et nous rappelle qu'il est important d'en faire autant de vivre réellement sa vie plutôt que de courir derrière des chimères, des possessions.

    C'est beau, poétique, d'une grande justesse; "inoubliable dès la première phrase" écrit Daniel Pennac dans un bandeau sur la version poche. Pas mieux !


  • Conseillé par
    3 juin 2015

    Tout d'abord, un énorme merci à Julien ( Dialogues Brest) pour ce conseil de lecture.

    "Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant". Il s'agit de la première phrase de ce roman, un phrase qui tout de suite m'a intriguée. Le narrateur a fait le choix de se retirer dans un endroit isolé de montagne pour y vivre seul. Pourquoi? la question restera sans réponse comme d'autres car on ignore tout de son son passé ou qui il est. Dans cet endroit, la nature presque inquiétante a repris ses droits sur les anciennes maisons ou les potagers autrefois entretenus. L'isolement, la simplicité de son mode de vie l'amènent à des interrogations ou réflexions : "Pourquoi il y a tout ce sous-bois mauvais ?, je me demande. Qui essaie d’envelopper et d’effacer et d’étouffer les arbres plus grands. Pourquoi toute cette férocité misérable et désespérée qui défigure toute chose ? Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d’épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées pour détourner vers eux la puissance chimique, pour créer de nouveaux fronts végétaux capables de tout anéantir, de tout massacrer ? Où je peux bien aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu’on a appelée vie ?». Toutes les nuits, il voit une petite lumière toujours à la même heure s'allumer plus haut dans la montagne. Et forcément, il veut en savoir plus. Il s'agit d'un enfant seul qui par peur de la nuit l'allume.

    Ce livre est complètement à part, il s'agit d'une lecture surprenante tant par la beauté de l'écriture que par l'histoire. Et il faut savoir prendre son temps et s'en imprégner. Ce livre trace son sillon durant et après sa lecture.
    J'ai aimé sa beauté singulière, son aspect fascinant, troublant et les graines qu'il sème. Et ce qui est fabuleux, c'est qu'on peut lire ce livre à différents niveaux ( ce que je veux dire c'est que chaque lecteur pourra le percevoir différemment ou sous un autre angle). Mais nul doute que chacun en sortira avec ce ressenti que l'auteur a su nous toucher dans une réflexion intime et nous laisse enveloppé d'un sentiment profond de sérénité. Il suffit de se laisser prendre par la main...


  • Conseillé par
    14 décembre 2014

    rêve

    Voilà un roman dont j'ai trouvé la lecture ardue. Et pourtant, des jours après, il me reste toujours en mémoire cette petite lumière.

    Il est vrai que je n'apprécie pas particulièrement les descriptions de la nature. Et dans ce court roman, il y en a beaucoup. Pourtant, le charme a opéré malgré moi.

    Et puis il y a la question de cette fameuse lumière : une légère intrigue, de quoi m'appâter.

    Un récit qui se déroule la plupart du temps de nuit, créant une atmosphère particulière.

    Et puis le narrateur est isolé de tout, seul, au milieu des collines.

    Une petite lumière qui vous poursuit longtemps.

    L'image que je retiendrai (attention spoiler) :

    Celle du petit garçon au crâne rasé vivant seul dans la maison.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2014/12/12/31102011.html