Un ciel rouge, le matin, roman

Paul Lynch

Albin Michel

  • Conseillé par
    15 juillet 2014

    Un ciel de sang sur une terre de misère.

    Premier roman pour ce jeune auteur, étoile montante de la littérature irlandaise.
    Ce livre a été encensé par la presse irlandaise et anglo-saxonne.
    La première remarque qui me soit venue à l'esprit est la qualité de l'écriture, en particulier dans les descriptions des paysages et autres phénomène naturels.
    Irlande 1832. Les Anglais sont maîtres du pays. Alors quand un riche propriétaire décide d'expulser les fermiers irlandais qui cultivent leurs terres, employer la force est une pratique courante. Mais Coll Coyle, lui, décide de demander très humblement des explications à Hamilton, au cours d'une altercation, ce dernier trouve une mort accidentelle !
    Le destin de Coyle et de sa famille bascule à cet instant.
    Il fuit seul, pourchassé par les sbires de la famille du défunt prêt à tout pour le capturer...son salut quitter l'Irlande sur ce que l'on a nommé les "Bateaux-cercueils" où la promiscuité, le manque d'hygiène, de nourriture et la maladie faisaient des dégâts considérables ! Le pourcentage de décès est très important. Sans compter une météo particulièrement hostile à certaines périodes de l'année qui faisait que certaines traversées duraient plus de deux mois.
    Et arrivé en Amérique, Coyle se rend compte que les USA ne sont pas l'Eldorado espéré. La mort aussi rode et ses poursuivants l'ont retrouvé ! La violence, la maladie, le travail harassant. La misère est partout la même !
    La lassitude le gagne, il veut rentrer au pays quelque soit le danger...
    A noter que quelques éléments du récit proviennent de la narration de l'épouse de Coyle .
    Personnage principal de ce livre qui reprend un thème récurrent de la littérature irlandaise, l'exil pour échapper à une justice de classe, Coll Coyle ne demandait pas grand chose, une explication, son épouse l'aura, le motif de l'expulsion est dérisoire ! Parmi ses compagnons d'infortune, Cutter périra en Amérique.
    Les Hamilton, le fils vaurien enfant pourri gâté, un peu alcoolique, parfaite image d'une certaine
    " Ascendancy" protestante et Britannique qui était toute puissante, car établie en Irlande depuis le 17eme siècle ! Le père lui est sénile, mais il peut compter sur leur homme de main, Faller, qui comme eux n'a que mépris pour les Irlandais.
    Un des nombreux livres irlandais sur la puissance des grands propriétaires terriens britanniques possédant le droit de vie ou de mort sur leurs métayers. Pas forcément par les armes, mais en les chassant, sans motif, de terres qu'ils cultivent parfois depuis plusieurs générations et brûlant le plus souvent leurs humbles demeures. Reste l'exil, qui ici est contraint et forcé, dans l'urgence, mais cela ne freine en rien l'esprit de vengeance.
    Je me répète, une écriture de grande classe, que je comparerai à celle de John McGahern, ce qui n'est pas peu dire !
    Un livre puissant, âpre, dur comme la société irlandaise de l'époque où l'antagonisme colons-colonisés commençait à prendre de l'ampleur.
    Mais le pire est à venir.....les grandes famines de 1845 à 1849 ! Puis les révoltes paysannes des années qui suivront.