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    12 janvier 2013

    Fin des années 70, le narrateur fils unique d’une famille bourgeoise et conservatrice de Dijon voit débarquer dans sa classe de terminale une fille qui détonne. Cheveux verts, l’air rebelle, tendance punk allant même clamer des slogans de lutte en cours et affichant ses opinions. Elle écoute de la musique totalement inconnue aux oreilles de ce jeune garçon plutôt habituées à Michel Sardou. Elle l’intrigue, le fascine. Il se pose des questions à son sujet, sur son enfance et sa famille. Cette demoiselle meilleure élève que lui l’attire comme les contraires. La chance s’y mêle, elle le remarque, l’initie à sa culture.

    Le fils de bonne famille au chemin tout tracé se rend à des concerts de façon buissonnière, l’écoute, boit ses paroles même s’il ne comprend pas grand-chose à ses engagements et ses convictions. Il est amoureux Ils se perdent de vue ou plutôt il se sent abandonné de n’avoir pas eu de ses nouvelles pendant l’été. Pourtant, ils se retrouvent. Elle est en fac de lettre, étudiante brillante, lui en droit. Ils cohabitent façon copain-copine jusqu’au jour où elle l’amène à lui. Enfin. Ils se marient mais elle garde une part de mystère, insaisissable par moments voire secrète. En France, la gauche est au pouvoir. Une révolution, une défaite cuisante pour ses parents à lui.

    La suite pourrait être classique : après le mariage l’achat de la maison puis le premier bébé même si elle n’était pas partante. La routine et un couple heureux. Sauf qu’ils ont juste eu le temps d’effleurer le bonheur. Et encore. Surtout lui qui n’a plus que pour seul ami Johnnie (celui de la bouteille) à qui il peut confier ses doutes. Est-ce qu’elle l’a vraiment aimé ? Est ce qu’il n’aura été qu’une couverture, un mari pour les apparences ?
    A vingt-quatre ans et en moins de six ans sa vie aura été bouleversée. Elle aura été un tsunami qui l'a laissé couché à flanc.

    Incontestablement, le nouveau roman d’Erwan Larher est bon. Très bon. Pourtant rien n’était joué d’avance. Malgré quelques bémols, j’avais aimé Qu’avez-vous fait de moi? mais par la suite je n’avais pas du tout accroché à l’histoire d’Autogenèse que j’avais abandonné. Je me demande pourquoi je vous raconte tout ça… Peut-être parce que ce roman m’a touchée d’une façon particulière et que j'ai eu cette sensation de sincérité comme si l'auteur sans artifice hormis l'humour dévoilait une partie de sa personnalité. Avec sensibilité et non sensiblerie.
    Erwan Larher signe ici une histoire hypnotique, belle et triste avec des sourires où le mâle est un être fragile et non dominant. Cerise sur le gâteau, l'écriture s'est bonifiée, affûtée et délestée d'effets de manche.
    Roman d’initiation à la vie, à l’amour et à la mort dont on ne sort pas indemne. Effet uppercut assuré (une lecture qui m'a laissée couchée sur le flanc comme le personnage) !