L'enfant céleste

Maud SIMONNOT

Éditions de l'Observatoire

  • Conseillé par (Libraire)
    12 octobre 2020

    Une île aux trésors

    Mary a bien du mal à faire face à une rupture amoureuse. Son fils Célian a bien du mal avec le système scolaire. Tous deux prennent quelques mois sabbatiques pour partir sur l'ile de Ven au large de la mer Baltique. Mère et fils sont passionnés d'astronomie et cette île a hébergé au 16ème siècle un grand astronome du nom de Tycho Brahe.
    Dans cette nature sauvage et sublime, ils vont se redécouvrir et se retrouver, accompagnés d'une logeuse singulière, d'un spécialiste de Shakespeare et d'un marin peu communicatif.
    Ce roman est une fenêtre ouverte, que dis-je, ce roman est un horizon, une bouffée d'oxygène, un moment poétique, sublime et apaisant. En bref, L'enfant céleste est une lecture lumineuse et INDISPENSABLE !


  • 11 octobre 2020

    C’est l’histoire de Célian et sa maman. Le jeune garçon ne se sent pas bien à l’école. Il se passionne pour tout mais surtout par ce que les autres enfants de son âge n’aiment pas forcément. Il interroge le monde incessamment. C’est un haut potentiel. « […] un surdoué ce n’est pas quelqu’un de plus intelligent mais quelqu’un qui ne peut pas ne pas voir la fausseté du monde sans que ça lui soit insupportable. Qui interroge sans cesse le récit collectif, inepte, factice. »
    Sa maman est blessée par Pierre, l’homme qu’elle aime.
    « Cet homme indéchiffrable aux cent visages s’était pourtant montré parfois sans masque. Au tout début de notre liaison, une nuit Pierre m’avait raconté un épisode marquant de sa jeunesse. Il m’avait dit: « À toi je me suis confié comme jamais », et avec beaucoup de naïveté j’avais pris cette confidence pour une marque d’amour. Ce drame qui me l’avait rendu si attachant expliquait les mensonges, le besoin de fictions : depuis toujours Pierre n’écrivait que pour suivre ses ombres. C’est cette fêlure qui nous avait rapprochés. Nous nous étions reconnus, nous qui, derrière un même élan apparent, avancions dans la vie entravés par les spectres de notre passé. »
    Mary doit aider son fils à rendre acceptable cette quête de sens, pour qu’elle ne devienne obsessionnelle. On a tôt fait, surtout les idiots, de parler de névrose. Il faut apprendre à se laisser traverser par des émotions sans s’en aliéner, et en faire une liberté. Elle décide de partir avec son enfant dans une île légendaire de la mer Baltique, sur les pas de Tycho Brahe. A la Renaissance, l’astronome redessina la carte du ciel depuis l’île.

    « Il a suffi que je pénètre dans ces bois scandinaves pour que tous les habitants qui peuplaient ma forêt renaissent sur mes pas: le garde-champêtre taiseux, la mare grouillante de vies minuscules, le martellement des geais et les cris des hulottes...Comme cette pensée a passé vite, recouverte par le désenchantement, les épreuves précoces. Ou peut-être pas. Peut-être que ce paradis perdu est toujours en moi. Peut-être que c’est là que j’habite pour toujours. »
    Sur cette île, la mère et l’enfant progresseront et se relèveront. Un endroit en marge du temps et des hommes où l’on peut s’affranchir des vieilles blessures. Elle apprend à oublier l’étrangeté de cet homme qui se tient au bord de l’amour comme un échassier au bord de l’eau. Elle accepte peu à peu, enfin, qu’il n’y ait aucune explication à cet abandon brutal, à la confiance trahie.

    « Pierre me laissera toujours seule avec ces vérités qui se dérobent. » « Au fond, ce qui nous a séparé avec Pierre n’est peut-être pas tant le doute ou le manque d’amour que la confrontation, si différente pour chacun de nous deux, à la perte et à la souffrance. »

    Dans le miroir embué des relations aux autres, l’enfant grandit. Les passions déchirées s’oublient. Les derniers liens d’affection se coupent pour revenir à l’essentiel, le temps de l’enfance. Ensemble, ils feront leurre de la mémoire en convoquant Proust « pour atteindre à l’indifférence, il faut traverser en sens inverse tous les sentiments. » Le progrès de l’oubli est irrégulier mais à l’instar de ce grand danois réfugié en haut d’une tour, ils savent tous les deux que ce sont « les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence. »
    Petit à petit, pour Célian lorsqu’il ferme les yeux ce n’est plus le néant comme avant. « Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves » selon Shakespeare.

    Il me fut difficile de quitter l’errance intérieure de ces personnages. L’inquiétude maternelle comme un frêle duvet de mots suspendus sur l’île où l’on se reconstruit et la beauté infinie de la rêverie de l’enfant sont les leitmotivs d’un texte d’une grande beauté. La relation à l’enfant est celle qui m’a le plus touchée, plus que celle de la fin d’un amour, dont on se remet toujours.


  • Conseillé par
    4 septembre 2020

    douceur

    Beau récit d’une maternité pas comme les autres avec un enfant aussi brillant que les étoiles, parcours insolite avec des rencontres surprenantes qui guérissent l’âme. Douceur assurée .