Les terroristes

Maj Sjöwall

Rivages

  • Conseillé par
    31 décembre 2010

    Les terroristes De Maj Sjöwall, Per Wahlöö

    Une nouvelle fois les deux auteurs font preuve d'une grande maîtrise pour entrelacer différents récits. Le commissaire Martin Beck est amené à témoigner dans un ubuesque procès d'une jeune fille accusée de braquage à la suite d'une enquête bâclée. Il doit résoudre le meurtre d'un immonde producteur de films porno retrouvé mort chez sa maîtresse. De plus il se voit chargé d'assurer la sécurité d'un Sénateur américain en visite à Stockholm que des terroristes ont décidé d'éliminer.
    Ce dernier des dix romans des deux auteurs est certainement le plus critique à l'égard de la vie politique et sociale suédoise et occidentale. Rhea, la compagne de Beck, est en majeure partie le personnage porte-parole des auteurs elle déclare: "La social-démocratie suédoise a trompé les gens pendant des années grâce à une propagande fallacieuse. En vérité, elle représente les intérêts capitalistes et une clique de gros bonnets qui ont pour mission de contrôler une grande partie des travailleurs. C'est un crime contre le peuple, contre tous les individus qui vivent dans le pays. Et maintenant, la police est également complice de ce crime."
    Et par la voix d'un atypique avocat Braxèn, S&W ajoutent :."..les nations les plus puissantes du bloc capitaliste ont été gouvernées par des personnes qui, selon les normes juridiques consacrées , sont purement et simplement des criminels." Les auteurs n'hésitent pas à associer les noms de présidents américains Harding, Coolidge et Hoover à ceux de Hitler , Mussolini ou Franco.Il faut se souvenir du contexte historique lors de la sortie du livre en 1975. Les Etats-Unis ne sont pas pour une partie de l'opinion mondiale le pays de la liberté. Les américains sortent affaiblis de la guerre du Vietnam, leur image est aussi ternie par leur soutien au coup d'état de Pinochet au Chili. Dans le roman la visite d'un sénateur américain conservateur et militariste déclenche des mouvements de protestation en Suède mais aussi dans l'ensemble des pays scandinaves.
    La conclusion du livre est laissée à l'ex-flic Kollberg qui s'adresse à son ami le commissaire Martin Beck :
    "Ton seul malheur, Martin, c'est que tu t'es trompé de boulot. Et d'époque. Et de partie du monde. Et de système."