Cahiers du Monde russe, vol. 46 (4), oct.-déc. 2005

Associer l'histoire des réfugiés russes à celle de l'institutionnalisation du champ humanitaire dans l'Europe de l'après-guerre se justifie à double titre. D'une part, l'apparition relativement brutale et massive de réfugiés dans les pays frontaliers de la Russie à la fin de la guerre civile a entraîné la première grande concertation des États européens en faveur de ces nouveaux exclus ; cette mobilisation s'est traduit par la création du Haut commissariat pour les réfugiés en 1921 au sein de la Société des Nations. D'autre part, l'émigration russe s'est distinguée par les différentes formes d'assistance humanitaire qu'elle a mis en œuvre et sa participation à l'action internationale. Parmi les organisations d'entraide, le “Comité des Zemstvos et des villes russes de secours aux citoyens russes à l'étranger”, plus communément appelé Zemgor, a occupé une place de premier plan qui reste cependant méconnue. Le rôle de cette organisation très spécifique, son implication et son engagement, tant dans la structuration des associations russes d'aide aux réfugiés que dans l'action avec les instances internationales d'assistance, ont fait l'objet de journées d'études dont sont publiées les principales contributions.