L'Hostie profanée, Histoire d'une fiction théologique
EAN13
9782846825344
Éditeur
P.O.L.
Date de publication
Collection
Essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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L'Hostie profanée

Histoire d'une fiction théologique

P.O.L.

Essais

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Le Moyen Âge latin a inventé une histoire. Après avoir mis au point la formule
rituelle et théologique du rapport des hommes à Dieu (forme de la messe,
signification du sacrifice : la présence du Christ sur l'autel et sa communion
aux fidèles), un scénario est inventé qui montre le Christ outragé dans son
sacrement, livré à l'ennemi théologique et mis à mort. Il faut donc de nouveau
que des chrétiens livrent le corps du Christ à ses bourreaux. Tel est le sens
de cette histoire qui nourrira pendant des siècles l'hostilité de l'Europe
latine à l'égard de toute religion qui conteste les fondements mystiques de
son idéologie : toute opposition, théologique ou simplement rituelle, à la
forme de la religion de l'Europe latine est immédiatement notée d'hérésie. Les
«erreurs» (toujours orientales) sont toutes assimilées à des erreurs juives,
prolongeant l'époque de l'Ancien Testament. À travers l'examen de cette
histoire et de ses variantes, cet essai envisage l'ensemble des liens qui ont
construit l'Occident dans la seule justification du Corps mystique, «le corps
du Christ dont nous sommes les membres» est la dernière justification des
États chrétiens et le principe de leur organisation. Cette communauté
historique est maintenue en vie en vue de son salut par des sacrements, dont,
en tout premier, par une participation au corps du Christ. L'évolution du
rituel (la forme de la messe) et les débats théologiques seront ainsi orientés
: les notions d'image et de symbole devront être remplacées par celles de
vérité et de réalité. Cette histoire d'hostie profanée par des juifs,
présentée comme un fait divers, est sans doute la dernière illustration de ce
que veut être l'Occident latin : seul dépositaire et seul interprète accrédité
du message évangélique et des moyens de salut de l'humanité, il doit délimiter
et définir précisément ce qu'est la communauté dont l'État garantit la vie. Si
le Christ est parmi nous par les sacrements qu'il a institués, il est de toute
nécessité que ces sacrements produisent des effets réels. Il faut donc à la
démonstration de réalité une preuve de plus : cela s'appelle un miracle. Qui
est bénéficiaire du miracle? les membres de la communauté chrétienne,
c'est-à-dire la communauté organisée comme le Corps mystique, nom même de
l'idéologie de l'État chrétien. Mais voici d'abord une histoire où l'on voit
passer l'éternel usurier, le chrétien endetté, Shylock spéculant sur la chair
d'un chrétien, Dracula, une souris grignotant une hostie, les aventures de la
monnaie, le sacrement du corps périmant le sacrement en image. Notre histoire.
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