Des os dans le désert
EAN13
9782377561667
Éditeur
Éditions de L'Ogre
Date de publication
Collection
SIRENE
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Des os dans le désert

Éditions de L'Ogre

Sirene

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« Au Mexique, coexistent désormais deux mondes : le crime organisé, qui ne
respecte rien, et les autres, qui avons perdu la bataille Pourquoi je publie
ce livre : Par un hasard assez malheureux, j’ai créé l’Ogre avec Aurélien à
peu près au moment où Le passage du nord ouest connaissait des difficultés et
allait cesser de publier. Un hasard malheureux parce cet éditeur doit beaucoup
à l’existence de l’Ogre tant la découverte de certains livres de son catalogue
a été pour moi une révolution. « Des os dans le désert » en fait partie. Du
coup, suite à la disparition du Passage je n’avais qu’une envie, poursuivre
l’entreprise éditoriale du Passage et publier l’ensemble des « cronicas » de
Sergio. Cela m’a pris 5 années, durant lesquels tous les trois mois j’écrivais
à l’agente de Sergio pour essayer d’obtenir les droits. Il se trouve qu’il
venait de mourir et que les ayants droits n’étaient pas très pressés disons.
Bref en janvier dernier, je reçois enfin le feu vert de l’agente et je décide
alors de lui consacrer à la fois la rentrée littéraire de l’Ogre et une
nouvelle collection, la première de la maison, qui s’appellera Sirène. Deux
publications sont prévues pour 2023 (1 Ogre et 1 sirène), et deux pour 2024 (1
Ogre et 1 sirène aussi) Les « cronicas » ou narco-récits Que vient faire de la
non fiction mexicaine dans le catalogue de l’Ogre pourtant spécialisé en
fiction ? « Des os dans le désert » fait partie d’une tétralogie de narco-
récits (composée de « Des os dans le désert », de « Un homme sans tête », de «
Campo de guerra » et de « Les 43 d’Iguala »), nom inventé pour désigner cette
forme étrange, une sorte de roman sans fiction, qui mêle le récit
documentaire, le récit journalistique, l’enquête, l’essai, la réflexion
personnelle presque intime, la poésie, le tout dans une narration et une
écriture qui elle appartient au roman. Sergio crée véritablement un genre à
part entière qui doit être capable de rendre compte de la violence sans
l’esthétiser, qui puisse accueillir et rendre accessible la complexité des
situations décrites sans les vulgariser. Cela rappelle évidemment la narrative
non-fiction américaine, ou, plus proche de l’Ogre l’entreprise narrative de
Marie Cosnay dans son projet « des îles ». Quand je vous disais que l’œuvre de
Sergio était important pour moi, c’est aussi qu’elle infuse depuis longtemps
le catalogue de l’Ogre ! Des os dans le désert / le livre : Le 23 janvier
1993, le corps d'une adolescente de 13 ans est découvert dans un terrain vague
en périphérie de Ciudad Juàrez, à la frontière nord du Mexique. Elle a été
torturée, violée puis étranglée. Entre 1993 et 2007, près de 500 femmes
connaîtront le même sort. Des centaines d'autres sont toujours portées
disparues. « Des os dans le désert » est l'histoire d'un crime contre
l'humanité volontairement irrésolu, une enquête à haut risque - Sergio
Gonzàlez Rodriguez échappa par miracle à son exécution programmée un soir de
juin 1999 - qui transgresse les règles du journalisme pour devenir un roman
sans fiction, un impitoyable réquisitoire contre l'impunité et la violence
misogyne. Comme dans l’ensemble du travail de Sergio, il s’agit ici de
comprendre quels sont les mécanismes qui ont rendu possibles les sinistres
événements qui ont endeuillé durant les dernières décennies cette région
frontalière, maintenant universellement connue. Il relie cette série de crimes
macabres, en cours et non résolus au malaise sociétal et politique local,
national et international et soutient qu’il est même possible que cette « zone
de contacts » soit un véritable « laboratoire de la société globalisée qui se
construit actuellement. » Des os dans le désert est une lecture éprouvante,
bien qu’indispensable, et paradoxalement le livre se dévore, il y a quelque
chose de magnétique dans cette exploration narrative et factuelle des
centaines de féminicides qui jalonnent le texte. Peut-être est-ce notre
habitude des romans noirs ou des séries policières, peut-être est-ce la forme
singulière de ce texte, qui mêle la froideur des expertises médico-légales à
la poésie. En tout cas, ce livre vous hante durablement. Un personnage de
fiction. Sergio Gonzalez Rodriguez n’est pas seulement un auteur, et un
journaliste engagé, il incarne tellement son sujet qu’il finit par circuler de
roman en roman, d’abord dans le roman de Javier Marías, Dans le dos noir du
temps (2000) puis dans le roman 2666 de Roberto Bolaño qui se saisit à la fois
du personnage et s’inspire de son œuvre pour la « partie des crimes ».
Quelques mots de Roberto Bolano à propos de Sergio Gonzalez Rodriguez : « Je
ne me souviens plus de l'année où j'ai commencé à correspondre avec Sergio
González Rodríguez. Tout ce que je sais, c'est que mon affection et mon
admiration pour lui n'ont fait que croître avec le temps. Son aide, disons
technique, dans l'écriture de mon roman, que je n'ai pas encore terminé et que
je ne sais pas si je finirai un jour, a été substantielle. Aujourd'hui vient
de paraître son livre « Des os dans le désert », un livre qui plonge
directement dans l'horreur et que Sergio semble, avec un calme écrasant,
n'avoir vécu que comme quelqu'un qui regarde la pluie tomber. En réalité, plus
que de la pluie, c'est un ouragan que Sergio a observé, puis en quelque sorte
vécu. Son livre, qui paraît dans la collection Chroniques d'Anagrama, qui
comprend les livres de Wallraff, Kapuściński et Michael Herr, non seulement ne
nuit en rien à l'entreprise de ces mythes du journalisme, mais même, comme
eux, transgresse les règles du journalisme à la première occasion pour entrer
dans le non-roman, le témoignage et la blessure. « Des os dans le désert » est
ainsi non seulement une photographie imparfaite, et il ne pourrait pas en être
autrement, du mal et de la corruption, mais se transforme en une métaphore du
Mexique et du passé du Mexique, et du futur incertain de toute l’Amérique
latine. C’est un livre qui ne se situe pas dans la tradition des récits
d’aventures, mais dans celle des récits apocalyptiques, qui sont les deux
seules traditions à rester vivantes dans notre continent, peut-être parce
qu’elles sont les seules à nous rapprocher de l’abîme qui nous entoure »
(Roberto Bolano, « Sergio González Rodríguez sous l’ouragan », Entre
parenthèse, Bourgois 2011) « Sergio González Rodríguez, présumé coupable du
délit de lire et écrire des romans noirs, confie devant les autorités que ce
vice lui est venu après avoir lu Cosmos de Witold Gombrowicz, œuvre qui
affirme cette perversion : « un roman noir est une tentative d’ordonner le
chaos ». (Autobiographie de l'auteur pour Quai du Polar) Plus sérieusement,
Sergio González Rodríguez est journaliste, écrivain et scénariste (mais aussi
critique d'art et musicien). Il fut, entre 1985 et 1988, chercheur à la
Direction des Études historiques de l’Institut national d’Anthropologie et
d’Histoire, puis, de 1990 à 1992, conseiller à l’organisation des expositions
du Conseil national pour la Culture et les Arts. Auteur de plusieurs essais
littéraires publiés au Mexique, en Espagne, aux USA, il reçoit en 1992 le prix
Anagrama pour El Centauro en el paisaje, en 1993 le prix Lugar du meilleur
scénario télévisé et en 1995 le prix national du Journalisme. Cette même
année, il rejoint l’université de Princeton (USA) après avoir été professeur
de l’Institut de Recherche littéraire José Maria Luis Mora (1986-1995).
Boursier de la Fondation Rockefeller et du département d’histoire de
l’Université Ibérico-américaine (1998-1999), Sergio González fut également
conseiller éditorial et chroniqueur pour les quotidiens La Jornada et La
Reforma, les revues culturelles El Angel, Siempre, Nexos et Letras libres. Il
est membre du Système national des Créateurs. Son roman La Pandilla cosmica a
été finaliste du prix Herralde 2004.
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