Les arbres quand ils tombent
EAN13
9782374913599
Éditeur
Quidam
Date de publication
Collection
Made in Europe
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Les arbres quand ils tombent

Quidam

Made in Europe

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Ce texte aborde les problématiques de la mémoire, de la construction des
souvenirs, de la frontière floue entre vérité et mensonge, entre réalité et
fiction. Comment s’arrange-t-on avec le souhait de ne trahir personne, de ne
blesser personne? Est-ce compatible avec la littérature? Il ne s'agit pas d’un
essai, ni d'un documentaire, mais bien d’un récit, un objet littéraire porteur
de beauté et d'un puisssant potentiel romanesque. Au-delà de sa charge
narrative, le sujet central — " le racisme comme une donnée immuable dans la
trame de notre existence ", ainsi que l'écrit Audre Lorde — est abordé avec
engagement. Les médias dominants ne veulent pas que des femmes, en particulier
des femmes blanches, réagissent contre le racisme. Fanny Wobmann le fait avec
l'arme qui est la sienne : la littérature. En partant d'elle, pour ne pas
parler à la place des autres, en décryptant ce qu'elle est aujourd'hui en
regard de son passé, en s'étant documentéee, en lisant les auteur-e-s qui
réfléchissent à ces questions depuis longtemps, et surtout en s'engageant à
faire preuve de la plus grande humilité et la plus grande sincérité possibles.
Françoise Vergès parle de décolonisation de soi pour décrire le processus
qu'il est nécessaire que chacune et chacun effectue pour s'éduquer et sortir
du racisme systémique que nous entretenons par notre indifférence. Fanny
Wobmann s'aventure sur ce chemin-là. En quête de son enfance à travers les
photographies, les films, les récits de ses parents, les souvenirs fuyants ou
ambigus, Fanny Wobmann tente d’aller plus loin que les images de la surface,
celles qu’on rapporte toujours sans qu’elles nous appartiennent vraiment. Pour
se rendre compte qu'elles n'a pas envie de les abandonner, qu’elles, au moins,
elle sait comment les porter. Aussi tente-t-elle de capter ce qu'elle peut au
travers de son éducation, son milieu social, ses souvenirs. Lesquels elle
retient et lesquels elle laisse de côté, comment elle les raconte et les
insère dans son quotidien pour les faire parler et se positionner ainsi dans
un questionnement plus large, celui de la colonisation, de l'aide au
développement, du racisme. Il y a tout au long du texte, et ce dès
l'ouverture, une récurrence de la mention des arbres. Que ce soit les sapins
des pâturages du Jura neuchâtelois ou les ravinala malgaches, ils occupent ses
souvenirs, les structurent, accompagnent sa mémoire. L'image des "arbres quand
ils tombent" habitent le texte et son héritage. Elle fait référence à
l'histoire, à son enfance, à son lien avec sa région d'origine, ses forêts, à
son éducation au contact avec la nature et des arbres. Elle ancre dans une
Histoire plus large, lointaine et imposante. Fanny Wobmann : « Tous les matins
de cette période particulière marquée par la pandémie, durant laquelle la
plupart de mes activités professionnelles avaient été annulées, je me suis
installée à mon bureau, et j'ai essayé d'écrire. À mesure que les jours
passaient, j'avais de plus en plus le sentiment de m'éloigner du monde. Et
pourtant, plus que jamais, j'avais besoin de sentir que je lui appartenais et
que j'avais un rôle à y jouer, aussi minime était-il. Je me suis laissée
emporter dans l'écriture, dans le récit de mes journées et peu à peu, dans
celui des souvenirs. Ces errances m'ont amenée jusqu'à mes années d'enfance en
Afrique. Ces quatre ans vécus au Rwanda et à Madagascar avec mes parents et
mes sœurs, parce que mon père travaillait pour la Direction du développement
et de la coopération, en tant que forestier.» « Ce n'est pas moi qui ai décidé
un jour de m'engager dans la coopération suisse et de partir au Sénégal, au
Rwanda et à Madagascar pour enseigner les métiers de la forêt. C'est mon père,
et il a accompli ce travail avec bonne volonté et dévouement, doublés d'une
certaine naïveté. Dans un sens, je pourrais dire que je n'ai pas à porter
cette responsabilité, comme je n'ai pas à porter celle des colonisations ou de
toutes les violences que subissent les personnes racisées dans notre société.
Mais mon histoire personnelle, ainsi que celle de ma famille, est directement
teintée de cette injustice culturelle et économique, comme la nomme Kader
Attia. Je l'ai vécue dans mes tripes, j'y ai été confrontée au contact de mes
camarades de classe ou des employé-e-s de maison, sur le chemin de l'école, à
travers mes amitiés. Je ne la comprenais pas vraiment mais je percevais déjà à
quel point elle était cruelle. Je ne peux pas faire comme si je n'en étais pas
complice, moi aussi.» Fanny Wobmann est née en 1984 à La Chaux-de-Fonds, mais
a passé ses années d’enfance entre le Rwanda, Madagascar et les forêts du Jura
neuchâtelois. Autrice et comédienne, Fanny Wobmann est un itulaire d'un master
en sociologie et muséologie de l'Université de Neuchâtel, ville où elle vit.
Formée au Théâtre Populaire Romand à La Chaux-de-Fonds et à l’école Serge
Martin à Genève, elle travaille plusieurs années avec Robert Sandoz en tant
qu’assistante de mise en scène. Elle développe en parallèle de nombreux
projets de théâtre, d’écriture et de performance, au sein du collectif AJAR,
de la compagnie Princesse Léopold et de la ZAC. Elle mène également un travail
d’écriture personnel autour des questions du corps, de l’intimité, des
relations humaines à réinventer, pour lequel elle a remporté de nombreux prix
et bourses, dont une bourse de la fondation Pro Helvetia en 2014, le Prix
Terra Nova 2017 de la Fondation Schiller, le Prix d’honneur 2016 de la
Fondation Gottfried Keller et une bourse culturelle de la Fondation Leenaards
2019. Son deuxième roman, Nues dans un verre d’eau, a été publié en 2017 chez
Flammarion et traduit en allemand, russe et anglais.
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